(Washington) Le président américain Joe Biden a une nouvelle fois appelé mardi le Congrès à légiférer de toute urgence pour éviter une grève du fret ferroviaire potentiellement catastrophique pour l’économie, et malvenue politiquement.

« Le Congrès doit agir pour éviter » des débrayages massifs, a dit le démocrate de 80 ans, pourtant partisan affiché du dialogue social et des syndicats.  

« Ce n’est pas une décision facile à prendre, mais je pense que nous devons le faire. L’économie est en jeu », a-t-il ajouté en recevant des dirigeants du Congrès.

Il avait convié, côté démocrate, la patronne de la Chambre des représentants Nancy Pelosi et le chef de file de son parti au Sénat, Chuck Schumer.

Côté républicain, Joe Biden a reçu Mitch McConnell, leader des républicains au Sénat, où les démocrates vont garder la majorité, ainsi que Kevin McCarthy, chef du groupe républicain à la Chambre, qui va passer au contraire en janvier sous le contrôle des conservateurs.

Le démocrate Chuck Schumer comme le républicain Mitch McConnell ont signalé leur volonté de résoudre « aussi vite que possible » ce conflit social, qui pourrait mettre à l’arrêt près de 7000 trains de fret, et coûter plus de 2 milliards de dollars par jour à l’économie, selon l’Association américaine des chemins de fer.

Nancy Pelosi a elle assuré que la Chambre des représentants voterait mercredi sur le sujet. Le texte ira ensuite au Sénat.

Le fret ferroviaire pourrait connaître après le 9 décembre une grève massive, faute d’adoption par la totalité des 12 syndicats concernés d’un nouvel accord de branche sur les salaires et sur les conditions de travail.

Aux États-Unis, environ 28 % des marchandises voyagent par train.

La Fédération nationale de la distribution (NRF) a d’ores et déjà mis en garde sur les effets potentiellement « dévastateurs » d’une grève.

Le Congrès peut y faire barrage, en vertu d’une loi remontant à 1926, s’il vote pour imposer le nouvel accord de branche.

Reste à voir si tous les républicains, en théorie tenants de positions libérales sur l’économie, suivront le mouvement pour empêcher la grève.

Le sénateur républicain de Floride Marco Rubio a par exemple signalé sur Twitter qu’il ne voterait pas « pour un accord qui n’a pas le soutien des travailleurs. »

L’opposition conservatrice sait qu’un conflit serait un dur revers politique pour Joe Biden, qui s’est personnellement investi dans ce dossier.

Et ce au moment où le président, relancé par des élections législatives meilleures que prévu pour son parti, réfléchit à se représenter en 2024.

L’un des syndicats concernés, BMWE-IBT, s’est dit dans un communiqué « profondément déçu » de la décision du président américain d’en appeler au Congrès. Il a d’ores et déjà prévu que la revendication au cœur du conflit avec les employeurs, sur la prise en charge des arrêts maladie, n’allait « pas disparaître. »