(Washington) Un juge américain, qui avait bloqué mardi une mesure sanitaire controversée permettant d’expulser sans délai les migrants, même demandeurs d’asile, a accordé mercredi un sursis aux autorités américaines en la maintenant temporairement.

Le juge Emmet Sullivan a permis au gouvernement de continuer à appliquer pendant cinq semaines cette procédure, appelée « Title 42 ».

Depuis sa mise en place en 2020 par l’administration Trump, en raison de la pandémie de COVID-19, la mesure a été utilisée pour bloquer des centaines de milliers de personnes cherchant à franchir la frontière avec le Mexique.

Le « Title 42 », que ses détracteurs jugent « inhumain », ne permet pas de recours légal, même pour ceux qui souhaitent déposer une demande d’asile – sauf rares exceptions, comme pour les Ukrainiens depuis le début de l’invasion russe.

Mardi, le juge avait cassé cette mesure, estimant qu’elle était « arbitraire » et ne respectait pas les règles fédérales.

Une décision qui bouleverse la façon dont l’administration Biden gère l’afflux de migrants à la frontière sud, sujet brûlant sur lequel les républicains ne manquent pas une occasion de l’attaquer.

Emmet Sullivan avait d’abord précisé qu’il n’accorderait pas de prolongation au « Title 42 », mais a expliqué avoir accepté la requête du département de la Sécurité intérieure pour lui permettre de mieux préparer la transition.

Une phase « essentielle » pour que les autorités « continuent à remplir leur mission de protection des frontières », et conduisant leurs opérations « de façon ordonnée », a-t-il estimé.

Emmet Sullivan a toutefois assuré avoir accordé ce sursis « avec une grande réticence », cette mesure ne devant pas rester en vigueur, selon lui.

La prolongation prendra fin le 21 décembre.

Le département de la Sécurité intérieure a déclaré mercredi qu’il continuerait à utiliser le « Title 42 » pendant cette période pour expulser les migrants franchissant la frontière avec le Mexique.

« La frontière est fermée, et nous continuerons à y appliquer pleinement nos lois sur l’immigration », a assuré le ministère, appelant à « ne pas croire aux mensonges des trafiquants ».

La décision de mardi a été prise dans le cadre d’une procédure intentée par la puissante association de défense des droits civiques ACLU. Elle accusait le gouvernement de procéder à des « expulsions sommaires ».