(Chicago) À quatre jours des élections de mi-mandat, Joe Biden a assuré que les démocrates vont déjouer les sondages, qui leur promettent pourtant une déroute, et a mis en garde contre la possibilité d’avoir « deux années horribles » s’il perd sa majorité au Congrès et au Sénat.

En visite à Chicago, le président a martelé un message optimiste. « Je ne crois absolument pas que nous soyons en difficulté », a-t-il déclaré. « Je pense que nous allons gagner. Vraiment. »

Il a toutefois dressé un sombre tableau en cas des victoires des républicains. « Si nous perdons le Congrès et le Sénat, cela va être deux années horribles », a-t-il averti.  

« La bonne nouvelle, c’est que j’aurai le pouvoir de veto », qui permet au président de bloquer de futures lois républicaines, a-t-il ajouté. « La démocratie est vraiment en jeu. »

PHOTO SAUL LOEB, AGENCE FRANCE-PRESSE

Le président Joe Biden

Plus tôt dans la journée, il avait vanté depuis la Californie les investissements massifs réalisés depuis deux ans notamment dans les semi-conducteurs et le climat. Il a aussi promis de s’attaquer à l’inflation, au plus haut depuis 40 ans, qui suscite le mécontentement de nombreux électeurs.

L’Amérique conserve des « points forts », a-t-il insisté. Le marché du travail reste au beau fixe, avec un taux de chômage de 3,7 % et 261 000 emplois créés en octobre.  

« En tant que président, je n’accepterai pas l’argument selon lequel le problème vient du fait que trop d’Américains trouvent de bons emplois », s’est-il défendu.

Les démocrates sont sur la défensive avant le scrutin du 8 novembre. Les sondages prédisent une large victoire des républicains à la Chambre des représentants, qui doit être entièrement renouvelée, et penchent depuis peu pour une courte majorité républicaine au Sénat, où un tiers des sièges sont en jeu.

Trump rêve de 2024

Fort de ce scénario, Donald Trump signale de plus en plus clairement son intention de reconquérir la Maison-Blanche.  

« Je vais très très très probablement me représenter. Soyez prêts », a lancé l’ex-président républicain jeudi soir, en rassemblement en Iowa. « Nous allons reprendre le Congrès, nous allons reprendre le Sénat », a-t-il ajouté. « Et en 2024, nous allons reprendre notre magnifique Maison-Blanche. »

Le milliardaire, qui n’a jamais reconnu sa défaite en 2020 et flirte depuis des mois avec l’idée de briguer un nouveau mandat, continue d’exercer son emprise sur le parti républicain.

Il a adoubé un grand nombre de ses candidats pour ces « midterms », multiplie les rassemblements pour les soutenir et s’attribuera probablement leur succès s’ils privent Joe Biden de sa majorité démocrate au Congrès.

Un succès des républicains mardi lui permettrait d’annoncer une candidature présidentielle, coupant ainsi l’herbe sous le pied de potentiels rivaux comme le gouverneur de Floride Ron DeSantis.

« On peut miser sur une annonce rapide », a reconnu jeudi Kellyanne Conway, son ancienne conseillère à la Maison-Blanche et proche alliée.

Citant des sources anonymes, le site d’informations Axios misait vendredi sur la date du 14 novembre pour une telle annonce, qui pourrait aussi peser sur les différents dossiers judiciaires concernant Donald Trump.

Le magnat de l’immobilier fait l’objet d’enquêtes sur son rôle dans l’assaut du Capitole, la gestion d’archives de la Maison-Blanche et est poursuivi par la justice de l’État de New York pour ses affaires financières.

Bastions démocrates menacés

Dans cet État, aux mains des démocrates depuis plus de 20 ans, le vent pourrait tourner le 8 novembre.

Pour aider la gouverneure Kathy Hochul, en difficulté, le parti a dépêché à ses côtés l’ancienne secrétaire d’État Hillary Clinton et la vice-présidente Kamala Harris.  

D’autres bastions démocrates, comme l’Oregon ou le Colorado, semblent également fragilisés par le mécontentement lié à l’inflation galopante, que les républicains imputent à Joe Biden.

Pour contrer ce message, le président insiste sur ses efforts pour protéger les classes populaires et l’emploi.

Les démocrates font aussi campagne sur le droit à l’avortement et la sauvegarde de la démocratie, menacée selon eux par l’aile trumpiste du parti républicain, qu’ils accusent d’entretenir un climat propice à la violence politique.

Un discours amplifié ces derniers jours par la violente agression subie à San Francisco par le mari de Nancy Pelosi, la cheffe des démocrates au Congrès. Une semaine après l’attaque, Mme Pelosi a fait savoir vendredi que son conjoint, qui a été opéré d’une fracture du crâne, est sorti de l’hôpital.

L’enquête a révélé qu’elle était la véritable cible de l’agresseur, David DePape, un homme qui semble s’être abreuvé de théories complotistes propagées en ligne par l’extrême droite. Avant de plaider non coupable, il a expliqué aux policiers vouloir « briser les rotules » de la parlementaire si elle n’avouait pas les « mensonges » du camp démocrate.

Alors que les travailleurs électoraux américains sont régulièrement visés par des menaces, « le message est clair, il y a des raisons de s’inquiéter. Mais nous ne pouvons pas avoir peur », a estimé Mme Pelosi, en larmes.

Les démocrates jouent beaucoup dans ce scrutin : s’ils perdent le contrôle du Congrès, la fin de la présidence de Joe Biden sera paralysée. En cas de lourde défaite, M. Biden, qui approche les 80 ans, aura du mal à se représenter.