(New York) Le complotiste américain Alex Jones, déjà condamné à verser près de 50 millions de dollars pour avoir nié un massacre dans une école, risque de voir la facture alourdie lors d’un second procès qui s’est ouvert mardi à 30 kilomètres du site du drame.

Un tribunal du Connecticut a entamé les débats à Waterbury, à une demi-heure en voiture de l’école Sandy Hook de Newton où, en 2012, un jeune homme armé d’un fusil semi-automatique avait tué 20 enfants et six adultes.

La tuerie avait suscité l’effroi aux États-Unis et relancé le débat sur les mesures pour réguler les ventes d’armes à feu.

Alex Jones, figure connue de l’extrême droite et adepte des théories complotistes, avait, contre toute évidence, affirmé sur son site Infowars que le massacre n’était qu’une mise en scène pilotée par des opposants aux armes à feu, et les parents éplorés des « acteurs ».

Plusieurs victimes avaient ensuite entamé des poursuites en diffamation, expliquant être harcelées par des admirateurs d’Alex Jones soucieux de « débusquer » le mensonge.

Un couple, dont le fils de six ans a été fauché à Sandy Hook, avait déposé plainte au Texas, où Alex Jones est basé. Huit autres familles, ainsi qu’un agent de la police fédérale, avaient saisi en parallèle la justice du Connecticut.

Le complotiste avait finalement admis publiquement la réalité de la tuerie. Mais il avait refusé de coopérer avec les tribunaux, si bien que des magistrats, dans les deux États, l’avaient condamné par défaut.

Ils avaient toutefois laissé le soin à des jurés de fixer la peine. À l’issue du premier procès, organisé cet été au Texas, Alex Jones a été condamné à verser 45,2 millions de dollars d’amende et 4 millions de dommages et intérêt.

Le second, ouvert mardi dans le Connecticut, doit durer cinq semaines et a donné lieu d’emblée à une passe d’armes très politique entre les deux camps.

L’un des avocats des plaignants, Chris Mattei, a demandé aux jurés de faire payer Alex Jones pour « ce qu’il a fait dans les minutes, les heures, les jours, les mois et les années après la pire chose qui soit jamais arrivée dans cette communauté ».

« Si vous n’arrêtez pas un harceleur, il ne s’arrêtera pas tout seul », a-t-il lancé en citant toute une série de théories complotistes martelées par Alex Jones sur Infowars.

« On vous demande de faire quelque chose qui n’est pas votre mission », a rétorqué l’avocat de la défense Norm Pattis. « On vous demande de transformer de l’argent en arme politique », a-t-il poursuivi en contestant la portée des torts subis par les plaignants.