(New York) Donald Trump a gardé le silence mercredi durant six heures d’audition sous serment avec la procureure générale de l’État de New York, qui le soupçonne de fraudes financières au sein de son groupe Trump Organization, en pleine tempête politique après une perquisition spectaculaire du FBI chez lui, en Floride.

L’ancien président des États-Unis est visé depuis 2019 avec deux de ses enfants – Ivanka et Donald Jr. – par une enquête au civil de la plus haute magistrate de l’État de New York, Letitia James.

Il a été entendu par Mme James et son équipe à Manhattan de 9 h à 15 h, mais il a annoncé dans un communiqué dès le début de l’audition avoir invoqué le fameux cinquième amendement de la Constitution américaine, qui permet à tout justiciable de ne pas témoigner contre soi-même.

La magistrate, une élue démocrate, l’a confirmé dans un bref communiqué après son face-à-face avec le milliardaire républicain et a assuré qu’elle « poursuivrait les faits [et l’application] de la loi, où que cela conduise ».

« Personne n’est au-dessus des lois »

« Nos enquêtes continuent », a promis Mme James, qui martèle depuis trois ans que « personne n’est au-dessus des lois » aux États-Unis.

Au contraire, dans son communiqué, le 45président américain s’est une nouvelle fois présenté en victime d’une « chasse aux sorcières » et a affirmé avoir « refusé de répondre aux questions » en vertu de la Constitution.

À la fin de l’audition, l’homme d’affaires a parlé sur son réseau social Truth Social d’une « réunion très professionnelle ». « J’ai une entreprise fantastique avec de grands actifs, très peu de dettes et beaucoup d’ARGENT. Ça n’arrive qu’en Amérique ! », a-t-il ajouté.

À peine entré chez Mme James, il s’était moqué de son « bureau somptueux, magnifique et onéreux […], de belles conditions de travail alors que des gens se font tuer à New York et qu’elle consacre son temps et ses efforts à essayer d’“attraper Trump” ».

Et en arrivant à New York mardi soir, il avait même accusé la procureure afro-américaine d’être « raciste », affirmant être, avec sa famille et la Trump Organization, la cible d’« attaques de toutes parts » dans une « République bananière » gouvernée par le démocrate Joe Biden.

Cette audition de Donald Trump – qui a quitté le pouvoir le 20 janvier 2021 sans reconnaître la victoire de Joe Biden et qui flirte ouvertement avec l’idée de se représenter en 2024 – était réclamée par Mme James depuis des mois et avait été fixée au 15 juillet. Mais la mort de la première femme de Donald Trump, Ivana, avait encore repoussé l’évènement.

D’après CNN, Ivanka et Donald Jr. avaient discrètement été entendus par les services de la procureure générale fin juillet et début août.

Fraudes

L’enquête au civil contre le groupe familial Trump Organization avait été ouverte après le témoignage explosif au Congrès à Washington d’un des anciens avocats personnels de Donald Trump, Michael Cohen, faisant état d’évaluations frauduleuses, à la hausse ou à la baisse, d’actifs au sein de la Trump Organization, pour décrocher des prêts, obtenir des réductions d’impôts ou de meilleures indemnisations d’assurances.

Letitia James avait assuré en janvier avoir « mis au jour des preuves importantes qui font penser que Donald Trump et la Trump Organization avaient faussement et frauduleusement valorisé nombre d’actifs », notamment des golfs ou l’appartement personnel sur trois étages du milliardaire américain situé dans la Trump Tower à New York.

PHOTO TED SHAFFREY, ARCHIVES ASSOCIATED PRESS

Letitia James, procureure générale de l’État de New York

Des allégations balayées par les avocats de Donald Trump.

La procureure générale n’a pas le pouvoir d’inculper Donald Trump, mais elle peut engager des poursuites civiles et notamment réclamer des réparations financières.

Les faits reprochés à l’ancien président font aussi l’objet d’une enquête, pénale cette fois, menée par le procureur de Manhattan.

Perquisition du FBI

Cette audition survient deux jours après une perquisition sans précédent du domicile de Donald Trump à Mar-a-Lago, en Floride, qui a déclenché une vague d’indignation chez les républicains.

Il a même suggéré sur Truth Social que le FBI pourrait avoir « placé » des preuves contre lui lors de l’opération.

Jamais un ancien locataire de la Maison-Blanche n’avait été inquiété par la justice de cette façon.

La perquisition de la police fédérale a-t-elle à voir avec les nombreux cartons que Donald Trump a emportés avec lui en quittant la Maison-Blanche en janvier 2021 ? Est-elle liée à l’enquête sur sa responsabilité dans l’assaut du Capitole ? Concerne-t-elle plutôt les soupçons de fraude financière dont la Trump Organization fait l’objet à New York ?

Ni le département de la Justice, ni le FBI, ni la justice de New York n’ont fait de commentaire cette semaine.

Donald Trump clame son innocence dans toutes ces affaires.

Le directeur du FBI dénonce les menaces contre le gouvernement

Le directeur du FBI a qualifié les menaces des partisans de l’ancien président des États-Unis Donald Trump circulant en ligne contre les agents fédéraux et le département de la Justice de « déplorables et dangereuses », mercredi. Celles-ci ont circulé en ligne à la suite de la perquisition par son agence de la maison de M. Trump à Mar-a-Lago, en Floride, lundi. Parmi les réactions des partisans de Donald Trump, on trouve le très répandu « Lock and load », une expression qui veut dire de se mettre en sécurité et de charger son arme, ainsi que des appels à l’assassinat d’agents fédéraux et même du procureur général américain Merrick Garland.