(Washington) Le gouverneur républicain du Texas Greg Abbott a émis un décret jeudi autorisant les forces de l’ordre de l’État à raccompagner à la frontière les migrants qui l’auraient traversée illégalement, un pouvoir réservé normalement à l’État fédéral américain.

« Alors que le président Biden refuse de faire son travail et d’appliquer les lois sur l’immigration votées par le Congrès, l’État du Texas monte une nouvelle fois au créneau et prend des mesures sans précédent pour protéger les Américains et sécuriser notre frontière sud », a déclaré l’élu dans un communiqué.

Greg Abbott autorise ainsi son département de la Sécurité publique et la Garde nationale du Texas à « appréhender les immigrants irréguliers qui ont illégalement traversé la frontière » et à les « renvoyer à la frontière ».

Le décret devrait voir le Texas entrer en conflit avec l’État fédéral qui est le seul aux États-Unis à avoir compétence en matière d’immigration. L’étendue réelle de son application demeure également floue.

Sollicité par l’AFP, le département de la Sécurité intérieure (DHS) n’avait pas encore réagi jeudi soir.

Dans la foulée de l’annonce du gouverneur texan, le gouvernement mexicain a affirmé qu’il « rejetait » ce décret et souligné que l’application des lois relatives à l’immigration était du ressort exclusif du gouvernement fédéral.

« Par conséquent, cette décision ne peut se comprendre que comme entrant dans le cadre des campagnes électorales dans l’État du Texas », fait valoir le gouvernement mexicain dans un communiqué.

L’annonce du gouverneur Abbott intervient une semaine après que la Cour suprême a donné raison à Joe Biden, qui avait annulé un décret migratoire contesté de l’ex-président Donald Trump consistant à renvoyer au Mexique les demandeurs d’asile arrêtés à la frontière pendant l’examen de leur dossier.

La mesure, baptisée « Rester au Mexique » (Remain in Mexico), avait été mise en œuvre en 2019 au moment où les États-Unis enregistraient un afflux de réfugiés à la frontière avec le Mexique.

Des milliers de migrants d’Amérique centrale, des Caraïbes, du Venezuela, et du Mexique tentent chaque année de traverser la frontière américano-mexicaine, longue de plus de 3000 km au total.

Joe Biden recevra le 12 juillet son homologue mexicain Andres Manuel Lopez Obrador (« AMLO »), près de deux semaines après la tragédie de San Antonio qui a vu le décès de 53 migrants dans un camion surchauffé et surchargé.

Le président Obrador a déjà déclaré que la migration serait une question « centrale » lors de ses entretiens avec Joe Biden.