Au moins 46 personnes, probablement des migrants, ont été retrouvées mortes lundi dans une semi-remorque abandonnée en banlieue de San Antonio, au Texas. Il pourrait s’agir de la tragédie la plus meurtrière chez les migrants tentant de traverser la frontière sud des États-Unis au cours des dernières décennies.

Seize autres personnes étaient toujours en vie et ont été emmenées dans des hôpitaux locaux. Quatre seraient des enfants, a indiqué le chef des pompiers de San Antonio, Charles Hood. « Les patients que nous avons vus étaient brûlants au toucher, ils souffraient de coups de chaleur, d’épuisement dû à la chaleur, on n’a pas trouvé de trace d’eau dans le véhicule », a-t-il détaillé.

Le chef des pompiers a déclaré qu’il avait bon espoir que les victimes emmenées à l’hôpital survivent. Plusieurs villes du Texas ont atteint des niveaux records de chaleur en juin. Lundi, la température avait dépassé les 37 ℃ à San Antonio.

Le chef de la police, William McManus, a indiqué qu’un employé municipal présent sur les lieux avait été alerté par un appel à l’aide peu avant 18 h lundi. Arrivés sur place, les policiers auraient trouvé un corps sur le sol à l’extérieur de la remorque. Trois personnes ont été arrêtées pendant la soirée.

Le drame s’est produit en banlieue de San Antonio, grande ville à 240 km de la frontière avec le Mexique. Les images diffusées sur les réseaux sociaux montraient de nombreux véhicules de police et de secours sur les lieux.

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De nombreux véhicules de police étaient sur les lieux lundi.

Les personnes présentes dans la remorque faisaient partie d’une tentative présumée de passage de migrants aux États-Unis.

Le camion est un moyen de transport fréquemment utilisé par les migrants souhaitant entrer aux États-Unis. Un tel voyage est extrêmement dangereux car ces véhicules sont rarement climatisés et leurs occupants en viennent rapidement à manquer d’eau.

Le service des douanes et de la protection des frontières des États-Unis a signalé 557 morts à la frontière sud-ouest entre septembre 2020 et septembre 2021, soit plus du double des 247 signalés l’année précédente. La plupart sont liés à l’exposition à la chaleur.

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Une « horrible tragédie humaine »

Le maire de San Antonio, Ron Nirenberg, a dit que les 46 personnes mortes avaient « des familles qui essayaient probablement de trouver une vie meilleure ». « Nous sommes confrontés à une horrible tragédie humaine », a-t-il indiqué.

De son côté, le gouverneur républicain du Texas Greg Abbott a rejeté la faute sur le président démocrate Joe Biden. « Ils sont le résultat de sa politique d’ouverture des frontières. Ils montrent les conséquences mortelles de son refus de faire respecter la loi », a-t-il écrit sur Twitter.

Les arrivées de migrants clandestins ont fortement augmenté après l’élection de Joe Biden, bien que ce dernier tente depuis son arrivée à la Maison-Blanche d’endiguer l’afflux migratoire.

Aaron Reichlin-Melnick, directeur politique de l’American Immigration Council, a écrit qu’il redoutait une telle tragédie depuis des mois. « La frontière étant fermée aussi hermétiquement qu’elle l’est aujourd’hui pour les migrants du Mexique, du Guatemala, du Honduras et du Salvador, les gens ont été poussés vers des itinéraires de plus en plus dangereux. La contrebande par camion est en hausse », a-t-il écrit sur Twitter.

« Ils espéraient une vie meilleure. Seigneur, après Uvalde et maintenant ceci, aide-nous ! Nous avons besoin de toi ! Tant de gens souffrent. Dieu, Dieu, Dieu », a pour sa part indiqué l’archevêque de San Antonio, Gustavo García-Siller.

« Une fois de plus, le manque de courage pour traiter la réforme de l’immigration tue et détruit des vies. Nous n’apprenons pas », a-t-il ajouté.

Le ministre mexicain des Affaires étrangères, Marcelo Ebrard, a regretté sur Twitter une « tragédie » et a indiqué que le consul du Mexique, bien qu’on ne « connaisse pas les nationalités » des victimes, se rendait sur place.

En 2017, une tragédie similaire avait marqué les esprits : 10 migrants avaient trouvé la mort dans une remorque surchauffée garée dans un stationnement près de San Antonio. En 2003, 19 migrants ont aussi été retrouvés dans un camion au sud-est de San Antonio.

Avec l’Agence France-Presse et l’Associated Press