(New York) Frank James, l’homme soupçonné d’avoir tiré mardi dans une rame de métro à New York le matin à l’heure de pointe, faisant 30 blessés dont 10 par balle selon la justice, a été placé en détention provisoire jeudi, accusé d’avoir « semé la terreur dans toute la ville ».

Vêtu d’une ample chemise kaki, le suspect, un Afro-Américain de 62 ans arrêté la veille sans résistance dans la rue à Manhattan, a comparu pour la première fois devant le tribunal fédéral de Brooklyn.  

En silence, prenant parfois des notes entre ses deux avocates, il a écouté les charges qui pèsent contre lui, notamment celle d’« attaque terroriste » qui lui fait risquer la prison à vie. La juge Roanne Mann a ordonné qu’il soit placé en détention provisoire.

Il « a ouvert le feu sur les passagers d’une rame de métro bondée, interrompant leur trajet matinal comme jamais cette ville ne l’avait vu depuis plus de 20 ans », a déclaré la procureure Sara Winik, une référence aux attaques meurtrières du 11 septembre 2001 qui ont durablement traumatisé New York.

Le suspect portait un masque à gaz et avait déclenché deux engins fumigènes, remplissant la rame de fumée avant de tirer. L’accusation a revu à la hausse le bilan, en le portant à 30 blessés, dont 10 par balles, contre 23 au départ.

« Soigneusement planifiée »

« Son attaque était préméditée, elle a été soigneusement planifiée et elle a semé la terreur parmi les victimes et dans toute la ville », a ajouté la procureure.

Si cette attaque sanglante, commise dans une station très fréquentée du sud de Brooklyn, « 36th Street », n’a pas fait de morts, elle a provoqué une vive émotion dans la mégapole de près de 9 millions d’habitants, déjà touchée par une hausse de la criminalité et des fusillades depuis la pandémie de COVID-19.

Entre mardi et mercredi, la police de New York a répertorié pas moins de 14 évènements distincts de coups de feu et fusillades, notamment à Brooklyn et dans le Bronx, et quatre homicides.

L’avocate de Frank James, Mia Eisner-Grynberg, a mis en garde contre tout « jugement hâtif » de son client, déjà arrêté 12 fois dans le passé pour divers délits.

« Hier, M. James a vu sa photo dans les informations, il a appelé la police pour aider, il a dit où il se trouvait », a-t-elle affirmé.

La police avait remonté la trace de Frank James notamment grâce à la clé d’une camionnette qu’il a louée, découverte sur la scène de crime. L’homme disposait d’une page YouTube, baptisée « prophetoftruth88 » (prophète de vérité) où on le voyait se lancer dans de longues tirades, parfois décousues et véhémentes, sur les questions raciales et l’insécurité à New York.

Signalement

Les circonstances dans lesquelles le suspect a été arrêté mardi dans le quartier de l’East Village n’étaient pas totalement éclaircies. Outre le suspect lui-même, d’autres particuliers ont assuré avoir signalé sa présence à la plateforme téléphonique « Crime Stoppers » de la police new-yorkaise, qui avait mis sur la table une récompense de 50 000 dollars pour cette affaire.

Ainsi, un technicien syrien de 21 ans, Zack Tahhan, arrivé aux États-Unis depuis cinq ans, est devenu une vedette des réseaux sociaux, où circulait le mot dièse #ThankYouZack, après avoir revendiqué avoir repéré Frank James et prévenu la police, tout près du lieu de l’arrestation.

Mais Francisco Puebla, le gérant mexicain de Saifee, un magasin de jardinage situé dans le même coin, a affirmé à l’AFP que c’est son intervention, et pas celle de Zack Tahhan, qui a été déterminante.  

Selon la police, il y a bien eu un signalement qui a localisé le suspect dans un McDonald’s. « Les agents sont arrivés au McDonald’s. Il n’y était pas. Ils ont conduit dans le quartier, ils l’ont vu au coin de Saint Marks (Place) et de la Première avenue et l’ont arrêté », avait raconté mercredi un responsable de la police new-yorkaise, John Miller.