(Montgomery) Deux familles avec des adolescents transgenres et deux médecins ont déposé une poursuite contre l’État de l’Alabama, lundi, dans le but de faire annuler une loi qui érige en crime le fait pour les médecins de traiter les jeunes transgenres de moins de 19 ans avec des bloqueurs de puberté ou des hormones les aidant à affirmer leur identité de genre.

La poursuite a été déposée devant un tribunal fédéral trois jours après que la gouverneure républicaine Kay Ivey a signé la mesure.

La Dre Morissa Ladinsky, qui est l’une des plaignantes, a déclaré qu’en signant la loi 184, la gouverneure Ivey a dit à des familles de l’Alabama qu’elles ne pouvaient pas rester dans l’État sans priver leurs enfants de soins médicaux de base dont ils ont besoin.

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La gouverneure républicaine Kay Ivey

Elle a ajouté que la loi met des médecins comme elle « dans la position horrible de choisir entre ignorer les besoins médicaux [de leurs] patients ou risquer d’être envoyés en prison ».

Les parents d’une fille transgenre de 13 ans dans le comté de Jefferson et d’un garçon transgenre de 17 ans dans le comté de Shelby participent au procès. Les plaignants sont connus sous le nom de Roe et Doe dans le dossier du tribunal afin de protéger l’identité des enfants.

Le Southern Poverty Law Center, la Human Rights Campaign ― qui est un groupe national de défense de la communauté LGBTQ ―, et d’autres groupes représentent les plaignants. Le Law Center a annoncé la poursuite dans un communiqué de presse.

La loi de l’Alabama, qui entrera en vigueur le 8 mai à moins d’être bloquée par le tribunal, rendra criminelle la prescription par un médecin de bloqueurs de puberté ou d’hormones pour aider à la transition sexuelle de toute personne de moins de 19 ans.

Les violations seront passibles d’une peine allant jusqu’à 10 ans de prison. La loi interdira également les chirurgies de transition sexuelle, bien que les médecins aient dit aux législateurs que celles-ci ne sont généralement pas pratiquées sur des mineurs.

La gouverneure Ivey a signé la loi vendredi, un jour après son approbation par la législature de l’Alabama.

« Je crois fermement que si le Bon Dieu a fait de vous un garçon, vous êtes un garçon, et s’il a fait de vous une fille, vous êtes une fille », a déclaré Mme Ivey, qui fait face à une élection primaire en mai avec des opposants conservateurs essayant de la surpasser à droite. « Nous devons particulièrement protéger nos enfants de ces médicaments et chirurgies radicaux qui changent la vie alors qu’ils sont à un stade aussi vulnérable de leur existence. Au lieu de cela, concentrons-nous tous à les aider à se développer correctement pour qu’ils deviennent les adultes que Dieu a voulu qu’ils soient. »

Des mesures similaires ont été poussées dans d’autres États, mais la législation de l’Alabama est la première à imposer des sanctions pénales aux médecins.

Au Texas, le gouverneur républicain Greg Abbott a ordonné à l’agence de protection de l’enfance de l’État d’enquêter sur des récits d’abus de traitements servant confirmer le sexe des enfants. Et une loi en Arkansas interdit les médicaments pour l’affirmation de genre. Cette loi a cependant été bloquée par un tribunal.

Mme Ivey a également signé une mesure distincte qui oblige les élèves à utiliser des salles de bains conformes à leur certificat de naissance original et interdit l’enseignement du genre et de l’identité sexuelle de la maternelle à la cinquième année.