(Nations unies) Les États-Unis ont décidé lundi, en pleine crise ouverte avec la Russie au sujet de l’Ukraine, d’expulser pour « espionnage » douze membres de la mission diplomatique russe auprès de l’ONU, une action dénoncée peu après par Moscou comme une « démarche hostile ».

« C’est une démarche hostile contre notre pays », a déclaré l’ambassadeur de Russie aux États-Unis, Anatoli Antonov, dans un communiqué publié sur Facebook, en ajoutant que cet acte de l’administration américaine suscite une « déception profonde et un rejet absolu » à Moscou.

C’est son homologue russe aux Nations Unies, Vassily Nebenzia, qui a dévoilé cette information de manière spectaculaire. Alors qu’il donnait une conférence de presse, Vassily Nebenzia a demandé peu après son début à l’audience une minute pour répondre à un message téléphonique. Il a ensuite révélé venir d’apprendre cette expulsion notifiée par les États-Unis.

Une source diplomatique russe a précisé ensuite à l’AFP que la décision d’expulsion ne concernait ni l’ambassadeur, ni ses deux adjoints principaux, Dmitry Polyanskiy et Anna Evstigneeva.

« C’est une mauvaise nouvelle », a réagi devant les médias Vassily Nebenzia, soulignant que les personnes concernées avaient reçu l’ordre de quitter le territoire américain avant le 7 mars.

La confirmation américaine est arrivée un peu plus tard, assortie de lourdes accusations.

« Les États-Unis ont informé les Nations unies et la mission permanente de la Russie à l’ONU que nous entamions le processus d’expulsion de 12 agents de renseignements de la mission russe qui ont abusé » de leur statut diplomatique aux États-Unis « en s’adonnant à des activités d’espionnage contraires à notre sécurité nationale », a dit la porte-parole de la mission diplomatique américaine à l’ONU, Olivia Dalton, dans un communiqué.

Fin de présidence

Elle a assuré que cette mesure était en préparation « depuis plusieurs mois », semblant vouloir la distinguer de la riposte américaine à l’invasion russe de l’Ukraine.

L’ambassadeur Russie à l’ONU a dénoncé une rupture des engagements des États-Unis, pays hôte, dans le cadre des règles applicables aux diplomates étrangers travaillant à l’ONU. Washington assure de son côté avoir respecté ces règles.

Au début d’une réunion du Conseil de sécurité de l’ONU sur la guerre, alors que Vassily Nebenzia venait d’annoncer la nouvelle à ses 14 partenaires, le représentant des États-Unis avait confirmé l’information.

PHOTO KENA BETANCUR, AGENCE FRANCE-PRESSE

Le représentant des États-Unis à l’ONU, Richard M. Mills

« Les diplomates qui ont été invités à quitter les États-Unis se sont livrés à des activités ne correspondant pas à leurs responsabilités et obligations en tant que diplomates », avait déclaré Richard Mills, sans autre détail.

Il a réclamé ensuite à Vassily Nebenzia, président en exercice de sa dernière réunion du Conseil de sécurité, de se concentrer sur l’objet de la réunion, à savoir les conséquences humanitaires de l’invasion.

La mission russe à l’ONU compte une centaine de personnes, selon une source diplomatique russe.

L’annonce de l’expulsion est survenue au dernier jour de la présidence russe du Conseil de sécurité de l’ONU, qui est tournante et change tous les mois. La Russie doit laisser mardi ce siège de président aux Émirats arabes unis.

Lundi soir, la mission diplomatique russe avait prévu une réception diplomatique pour « célébrer » la fin de sa présidence, marquée, fait sans précédent, par le lancement d’une guerre contre un pays voisin. « Il n’est pas sûr qu’il y ait beaucoup d’invités », a indiqué à l’AFP un ambassadeur sous couvert de l’anonymat, à propos de cet évènement auquel, fait inhabituel, n’ont pas été conviés les journalistes.