(Washington) Confronté aux provocations de la Corée du Nord et de la Russie, au dérapage de l’inflation et au naufrage parlementaire d’une grande réforme électorale, Joe Biden a tenu vendredi à vanter l’une des rares réussites jusqu’ici de sa présidence, à savoir un grand plan d’infrastructures.
« On parle beaucoup de la déception face aux choses que nous n’avons pas réussi à faire, et j’ajouterais que nous allons réussir à en mener beaucoup à bien. Mais cela, nous l’avons fait », a dit Joe Biden à la Maison-Blanche, tandis que derrière lui défilaient des images de ponts plus ou moins décatis.
Ce que le démocrate a fait, c’est de faire voter à l’automne 1200 milliards de dollars d’investissements dans les routes, les ponts, l’internet, un montant historique qui a même bénéficié du soutien de quelques parlementaires républicains.
Mais le rappel de cette indéniable réussite a presque quelque chose de cruel.
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PHOTO JACQUELYN MARTIN, ARCHIVES ASSOCIATED PRESS
Le président en compagnie d'un groupe de sénateurs des deux partis, y compris la sénatrice démocrate Kyrsten Sinema, à sa gauche, le 24 juin 2021.
Lors de la ratification en grande pompe de la loi le 15 novembre dernier, Joe Biden avait invité une sénatrice de l’Arizona, Kyrsten Sinema, à prendre la parole pour vanter le texte.
Jeudi, la même Kyrsten Sinema a enterré en quelques mots, à la tribune du Sénat, une grande loi électorale avec laquelle Joe Biden promettait de protéger l’accès aux urnes des Afro-Américains contre des restrictions imposées par certains États conservateurs du Sud.
Difficile virage
Ce projet de loi est emblématique d’un virage que cherche à prendre Joe Biden : dans deux récents discours, le président a émis des mises en garde d’une gravité inédite sur la démocratie américaine. Et lancé des attaques d’une virulence jamais vue contre son prédécesseur Donald Trump, et contre l’opposition en général.
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PHOTO SERGIO FLORES, ARCHIVES AGENCE FRANCE-PRESSE
Le président Joe Biden a récemment lancé des attaques d’une virulence jamais vue contre son prédécesseur Donald Trump.
Aucun espoir donc, pour ce projet de réforme électorale, de rallier des parlementaires républicains pour atteindre la « supermajorité » de 60 voix requise au Sénat.
L’état-major démocrate a par conséquent imaginé une procédure permettant de passer en force à la majorité simple — avec les 51 voix qu’ils contrôlent contre 50 à l’opposition. Mais Kyrsten Sinema a refusé cette manœuvre, tout comme un autre sénateur démocrate, condamnant de fait la réforme elle-même.
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PHOTO MANDEL NGAN, ARCHIVES AGENCE FRANCE-PRESSE
Lors de la ratification en grande pompe de la loi le 15 novembre dernier, Joe Biden avait invité la sénatrice démocrate Kyrsten Sinema, à prendre la parole pour vanter le texte. Cette semaine, elle a torpillé deux initiatives du président et chef de son parti.
Jeudi également, la Cour suprême a annulé une obligation vaccinale que le président voulait imposer aux grandes entreprises. Et la Maison-Blanche a reconnu qu’au terme d’un intense ballet diplomatique avec la Russie, la menace d’un nouveau conflit en Ukraine n’était en rien levée.
Une journée noire dans une semaine calamiteuse qui a rappelé crûment que Joe Biden, investi il y a un peu moins d’un an, a fait de grandes promesses avec peu de marge de manœuvre.
Son contrôle du Congrès ne tient qu’à un fil, et il doit composer avec une Cour suprême que Donald Trump a rendue très conservatrice.
Le retour de l'inflation et de Kim Jung-un
Sur le front de l’économie, l’inflation a atteint son plus haut niveau depuis 1982.
Et les États-Unis ont battu le record du nombre de personnes hospitalisées atteintes de la COVID-19, une nouvelle vague qui vide les rayons des supermarchés, confrontés à des problèmes de pénurie récurrents depuis le début de la pandémie.
Vendredi, la Corée du Nord a procédé à son troisième essai de missiles de l’année, une provocation de plus alors que les États-Unis viennent d’imposer de nouvelles sanctions financières.
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PHOTO SHAMIL ZHUMATOV, ARCHIVES REUTERS
Kim Jung-un, président de la Corée du Nord, qui a procédé à son troisième essai de missiles de l’année vendredi.
Et que dire des sondages qui, l’un après l’autre, confirment la forte impopularité du président ? La plupart des enquêtes d’opinion donnent une cote de confiance tournant autour de 42 %.
« Un programme ne se boucle pas en un an. Nous allons continuer à nous battre pour chaque composante », a promis vendredi la porte-parole de la Maison-Blanche Jen Psaki, énumérant à la fois l’économie, la lutte contre la pandémie et le changement climatique, et le combat pour les droits civiques.
Mais si Joe Biden a peu d’armes pour se battre, il a aussi de moins en moins de temps. A l’automne, il affrontera des élections législatives de mi-mandat historiquement difficiles pour le pouvoir en place, et pourrait perdre le contrôle à la fois du Sénat et de la Chambre des représentants.