(Washington) Les États-Unis ont confirmé jeudi qu’ils publieraient « très bientôt » le rapport de leurs services de renseignement sur le meurtre du journaliste saoudien Jamal Khashoggi, potentiellement explosif pour les relations avec l’Arabie saoudite, estimant qu’il représenterait « un pas important » pour que les responsables « rendent des comptes ».

Le président américain Joe Biden doit parler « très bientôt » pour la première fois avec le roi Salmane d’Arabie saoudite, a dit la porte-parole de la Maison-Blanche.

Ensuite, le renseignement américain rendra public son rapport sur l’assassinat du journaliste, et il y aura « une série de mesures sur la table », a-t-elle ajouté sans plus de précisions. La publication du rapport est aussi prévue « très bientôt », a complété le porte-parole du département d’État américain Ned Price.

PHOTOS MOHAMMED AL-SHAIKH ET OSCAR DEL POZ, ARCHIVES AGENCE FRANCE-PRESSE

Le Saoudien Jamal Khashoggi (à gauche), chroniqueur au Washington Post critiquait souvent et durement le prince Mohammed bin Salmane.

Des médias américains avaient initialement rapporté que le coup de fil était prévu pour mercredi et la sortie du rapport jeudi.

En attendant, le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken s’est entretenu jeudi au téléphone avec son homologue saoudien Fayçal ben Farhan, auquel il a souligné « l’importance de progrès saoudiens sur le terrain des droits humains, y compris à travers des réformes législatives et judiciaires », selon Ned Price.

Jamal Khashoggi, résident aux États-Unis et chroniqueur du quotidien Washington Post, critique du pouvoir saoudien, avait été assassiné en 2018 dans le consulat de son pays à Istanbul par des agents saoudiens.

Le Sénat américain, qui avait eu accès aux conclusions des services de renseignement de la première puissance mondiale, avait à l’époque jugé que le prince héritier Mohammed ben Salmane, dit MBS, était « responsable » du meurtre.

Mais Mike Pompeo, alors secrétaire d’État de Donald Trump, avait lui affirmé que le rapport de la CIA ne contenait « aucun élément direct liant le prince héritier à l’ordre de tuer Jamal Khashoggi ».

Et l’ex-président républicain n’avait jamais voulu blâmer publiquement MBS, pour préserver l’alliance avec Riyad.

Alors qu’elle laisse planer la menace de nouvelles mesures punitives, l’administration Biden n’a pas pour l’instant confirmé qu’elle était prête à aller jusqu’à sanctionner le prince.

La publication du rapport « est un pas important vers la transparence, et la transparence est, comme souvent, un élément pour que les responsables rendent des comptes », a déclaré Ned Price.

« Il s’agit d’un crime, comme je l’ai déjà dit, qui a choqué les consciences. Nous serons en mesure, bientôt, de parler de mesures pour que les responsables rendent des comptes », s’est-il borné à dire.

La Maison-Blanche a d’ores et déjà prévenu que Joe Biden entendait « recalibrer » sa relation avec Riyad, en ne parlant qu’au roi et non à MBS, homme fort du royaume et interlocuteur privilégié de Donald Trump, et en mettant l’accent sur les droits humains.

Il a aussi mis fin au soutien américain à la coalition militaire dirigée par les Saoudiens qui intervient dans la guerre au Yémen, et tente de renouer le dialogue avec l’Iran, grand ennemi régional de l’Arabie saoudite.