(New York) L’un des hommes récemment innocentés pour l’assassinat de Malcolm X en 1965 réclame plusieurs dizaines de millions de dollars à l’État de New York et à la ville elle-même, pour réparer son préjudice, ont annoncé mardi ses avocats.

Muhammad Aziz, 83 ans, qui a toujours clamé son innocence durant ses 20 ans de prison, avait dû attendre le 18 novembre dernier pour que la Cour suprême de l’État de New York le disculpe officiellement de l’assassinat de cette icône controversée de la cause afro-américaine. Le procureur de Manhattan Cyrus Vance lui a alors présenté ses « excuses » pour des « décennies d’injustice ».

Cette décision judiciaire historique concernait également l’un des deux autres condamnés en 1966, Khalil Islam, décédé en 2009.

Or, « pendant des décennies, y compris immédiatement après l’assassinat de Malcolm X, la police de New York (NYPD) et le FBI étaient en possession de preuves qui, non seulement prouvaient l’innocence de M. Aziz et de M. Islam, mais identifiaient également les véritables assassins de Malcolm X », assurent dans un communiqué leurs avocats David Shanies et Deborah François.

Ils rappellent notamment qu’en 1977, le troisième condamné, qui reconnaissait lui avoir tiré sur Malcolm X le 21 février 1965 dans une salle de Harlem, avait révélé l’identité de ses complices, disculpant une nouvelle fois Muhammad Aziz et Khalil Islam.

Dans une première assignation civile déposée devant un tribunal de l’État de New York, M. Aziz soutient qu’en raison de cette condamnation « injuste », il a passé « 20 ans dans plusieurs prisons de haute sécurité de l’État » de New York, à qui il réclame des dommages et intérêts pour « pas moins de 20 millions de dollars ».

Dans une procédure séparée, il prévient formellement la ville de New York, dont dépend le NYPD, de son intention de réclamer 40 millions de dollars notamment pour « détention illégale » et de « graves dommages émotionnels, psychologiques et physiques », si aucun accord n’est trouvé.

« Ceux qui m’ont privé de ma liberté et ont privé ma famille d’un mari, d’un père et d’un grand-père doivent être tenus pour responsables », affirme Muhammad Aziz dans le communiqué de ses avocats.  

Ces derniers précisent qu’ils préparent des actions similaires pour les héritiers de Khalil Islam.