(New York) La première victime qui a témoigné au procès de Ghislaine Maxwell, l’ex-compagne du financier américain Jeffrey Epstein jugée pour trafic sexuel de mineures, a été soumise mercredi à un contre-interrogatoire musclé de la défense, qui a tenté de la dépeindre comme une femme malhonnête et avide d’argent.

Mardi, cette témoin clé au procès, la première des quatre que veut faire citer l’accusation, avait expliqué, parfois en larmes, comment le couple Epstein et Maxwell l’avait abordée en 1994 et comment le financier l’avait agressée sexuellement à plusieurs reprises, dans sa résidence de Palm Beach en Floride, alors qu’elle n’avait que 14 ans.

Appelée « Jane », pour préserver son anonymat, elle avait aussi accusé Ghislaine Maxwell d’avoir été présente lors de certaines agressions sexuelles et d’y avoir parfois participé.

Seule dans le box des accusés après le suicide de son ancien compagnon en prison à l’été 2019, l’ex-mondaine britannique née en France, fille du magnat des médias décédé Robert Maxwell, encourt la prison à vie.

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Ghislaine Maxwell

Accusée d’avoir recruté des jeunes filles mineures de 1994 à 2004 pour les mettre à disposition d’Epstein, elle se dit innocente et plaide non coupable de six chefs d’accusation.

« Secrets honteux »

Mercredi, devant le tribunal fédéral de Manhattan, l’une des avocates de la défense, Laura Menninger, a tenté de pointer plusieurs incohérences dans le récit ou la chronologie du témoignage, par rapport à de précédentes auditions.

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Les avocats de la défense Laura Menninger et Jeffrey Pagliuca.

Puis elle a exhumé les notes d’un agent qui avait interrogé « Jane » en décembre 2019, pointant des souvenirs plus confus sur le rôle de Ghislaine Maxwell, 59 ans. La victime a répondu que ses notes n’étaient pas des retranscriptions complètes et ne rendaient pas bien compte de son récit.

Un peu plus tard, elle a aussi expliqué qu’elle n’avait pas donné tous les détails lors de ses premières auditions, parce qu’elle livrait à des étrangers « les secrets les plus honteux, que j’ai dû porter toute ma vie ».

Dans une nouvelle série de questions, la défense a pointé les talents de comédienne de « Jane », qui a été actrice dans des feuilletons sentimentaux, pour l’accuser de dramatiser son témoignage.

Elle a enfin dû démentir un quelconque intérêt financier à témoigner, précisant ne pas avoir de plainte civile en cours parce qu’elle avait été dédommagée à hauteur de 5 millions de dollars (2,9 après les frais) par le « fonds Epstein », un mécanisme officiel de réparation puisé dans la fortune du milliardaire après sa mort.

« Dans ce pays, les dommages et intérêts, c’est la seule chose que vous pouvez obtenir quand vous voulez essayer d’avancer à nouveau dans votre vie », a-t-elle lâché, après une pause pendant laquelle elle a pleuré et a caché son visage derrière un mouchoir.