Les États-Unis ont connu en 2020 une hausse de 30 % du nombre de meurtres, soit la plus forte augmentation depuis le début de l’enregistrement des données nationales en 1960, selon les données recueillies par le FBI pour son rapport annuel sur la criminalité.

77 %

C’est le pourcentage de meurtres commis à l’aide d’une arme à feu en 2020, soit la proportion la plus élevée jamais signalée. Une décennie plus tôt, ce pourcentage était de 67 %.

Source : FBI

Changements dans le nombre de meurtres aux États-Unis par rapport à l’année précédente

Source : Jeff Asher, The New York Times

Couverture médiatique à géométrie variable

La médiatisation des homicides semble être plus élevée lorsque la victime est blanche. Par exemple, le récent meurtre de Gabby Petito, une jeune femme de 22 ans trouvée sans vie ce mois-ci au Wyoming, a fait les manchettes nationales et internationales pendant des jours. À peine 18 % des victimes autochtones féminines d’homicide dans cet État font l’objet d’une couverture médiatique, contre 51 % pour les victimes blanches féminines et masculines, selon une récente étude, « Missing and Murdered Indigenous People », réalisée par l’État du Wyoming.

PHOTO TIRÉE DU SITE WEB DE TEXAS GUN SENSE

Gyl Switzer, directrice générale de Texas Gun Sense

Il y a eu une hausse des ventes d’armes à feu au début de la pandémie, une autre hausse après le meurtre de George Floyd au Minnesota, et encore une fois quand le président Biden a été élu. Donc, en plus du fait que les gens étaient stressés financièrement, personnellement, par rapport aux fermetures d’écoles, il y avait plus d’armes en circulation.

Gyl Switzer, directrice générale de Texas Gun Sense, un organisme voué à la prévention de la violence par armes à feu

La Louisiane au premier rang

La hausse observée a touché tant les grandes villes que les villes de moyenne taille et les zones rurales, explique à La Presse Jeff Asher, analyste de la criminalité établi à La Nouvelle-Orléans et cofondateur de la firme AH Datalytics. « Comme la hausse a eu lieu un peu partout, ça rend difficile la tâche de dire ce qui s’est passé », dit-il. Pour la 32année d’affilée, c’est l’État de la Louisiane qui a affiché le plus haut taux d’homicides de l’année 2020. On y trouve un taux d’homicides de 14,4 par 100 000 habitants, soit plus de deux fois la moyenne nationale, qui est de 6,6 par 100 000 habitants. L’un des plus pauvres et des moins restrictifs sur le plan du contrôle des armes à feu, l’État a aussi le taux d’incarcération le plus élevé des États-Unis. « Nous avons plus d’armes, plus de pauvreté, moins de résolutions de meurtres par la police, et l’an dernier était tout simplement une année horrible », dit M. Asher.

100 meurtres à Oakland

L’un des endroits les plus touchés par la hausse de la violence est Oakland, près de San Francisco. La ville a enregistré son 100homicide sur son territoire le 20 septembre. À la même date l’an dernier, la ville avait enregistré 66 homicides, alors qu’elle en avait connu 52 au même point en 2019. L’une des plus jeunes victimes, Zoey Hughes, n’avait que 16 ans quand elle a été tuée en mai dernier, alors que des tireurs ont ouvert le feu sur un autobus dans lequel elle se trouvait. « Si ce n’est pas un appel à tous les membres de la communauté pour leur faire comprendre qu’il s’agit d’une crise, je ne sais pas ce que c’est », a déclaré LeRonne Armstrong, chef de la police d’Oakland, lors d’une conférence de presse ce mois-ci qui a débuté par 100 secondes de silence en mémoire des vies perdues depuis le début de l’année.

PHOTO ALLISON DINNER, ARCHIVES AGENCE FRANCE-PRESSE

Un policier antiémeute de la police d’État de l’Oregon met en joue des manifestants à l’aide d’un fusil tirant des projectiles de caoutchouc, lors d’une manifestation dénonçant le racisme et la brutalité policière, à Portland, le 5 septembre 2020.

Est-ce dû à la COVID-19 ? Aux manifestations contre la brutalité policière ? À la détresse économique ? Était-ce une année unique ? La réponse est complexe. On sait que la violence par armes à feu survient la plupart du temps entre des gens qui se connaissent, qui ont un lien… La pandémie a fait diminuer des crimes comme les vols, mais les meurtres suivent une autre direction. Malheureusement, il n’y a pas d’explication simple.

Jeff Asher, analyste de la criminalité établi à La Nouvelle-Orléans et cofondateur de la firme AH Datalytics

Hausse de 7 % au Canada

Le taux d’homicides a aussi connu une hausse au Canada en 2020 : il était de 1,95 homicide par 100 000 habitants, comparativement à 1,83 par tranche de 100 000 habitants une année plus tôt. Le nombre de victimes autochtones de meurtre a aussi augmenté : 201 personnes autochtones ont été tuées en 2020, soit 22 de plus qu’en 2019. En tout, 743 homicides se sont produits en 2020 au Canada, soit 56 de plus que l’année précédente. C’est notamment en avril 2020 que s’est produite la tuerie de masse la plus meurtrière de l’histoire canadienne, quand 22 personnes ont été tuées et 3 blessées en Nouvelle-Écosse. À Montréal, en 2020, le taux d’homicide par 100 000 habitants se situait à 0,97, soit bien en deçà de celui de Thunder Bay (6,35), Regina (4,54) ou Toronto (1,62).