(Washington) Les autorités sanitaires américaines ont soutenu vendredi l’administration d’une troisième dose de vaccin anti-COVID-19 de Pfizer pour les personnes très exposées au coronavirus dans le cadre de leur travail, renversant l’avis exprimé par leur propre comité d’experts quelques heures plus tôt.

Jeudi soir, un comité des Centres de prévention et de lutte contre les maladies (CDC) avait refusé de classer cette population, qui comprend notamment les enseignants ou les employés de supermarchés, parmi les bénéficiaires de cette dose de rappel.

Mais la cheffe des CDC, Rochelle Walensky, est allée à son encontre, une décision rare.

PHOTO GREG NASH, ARCHIVES ASSOCIATED PRESS

La patronne des CDC, Rochelle Walensky

« Pendant une pandémie, même dans l’incertitude, nous devons prendre des mesures qui, selon nous, seront les plus bénéfiques », a-t-elle affirmé dans un communiqué, rappelant que les CDC devaient se fonder sur des « données complexes et souvent imparfaites ».

Une troisième dose pour « les personnes ayant un risque élevé d’attraper la maladie » notamment à cause de leur travail, ainsi que pour d’autres populations à risque comme les personnes âgées, est « la meilleure façon de servir les besoins de la nation en termes de santé publique », a ajouté Rochelle Walensky.

Cette dose de rappel est désormais également recommandée pour les personnes de 65 ans et plus, ainsi que pour celles entre 18 et 64 ans présentant des facteurs de risque de développer une forme grave de la maladie.

Confusion

Ces revirements reflètent les hésitations et divisions de la communauté scientifique autour de la nécessité d’une troisième dose.

L’avis du comité d’experts avait en effet semé un peu plus la confusion sur la campagne de rappel aux États-Unis.

Initialement, l’administration Biden avait annoncé en grande pompe mi-août qu’une vaste campagne de rappel des vaccins de Pfizer et de Moderna serait lancée à partir de la semaine du 20 septembre, pour tous les adultes américains sans distinction.  

Les experts de la FDA avaient rejeté cette possibilité la semaine dernière.  

Mercredi, l’Agence des médicaments avait annoncé autoriser en urgence cette dose de rappel selon des critères restant malgré tout très larges, pour les plus de 65 ans et les personnes à « risque ».  

Mais les vaccins étant tous achetés et distribués via le gouvernement américain, les modalités de leur administration sont également soumises aux directives détaillées des CDC.

Jeudi, les experts des CDC avaient alors voté contre l’inclusion des personnes fréquemment exposées au virus à cause de leur profession ou de leur situation – qui comprennent également les travailleurs de santé ou encore les prisonniers.

Les débats avaient duré des heures et plusieurs experts s’étaient dits « tiraillés », la recommandation ayant été refusée à une courte majorité (9 voix contre, 6 voix pour).

« C’est trop tôt », avait estimé Beth Bell, membre du comité. « Selon moi, le bénéfice d’une dose de rappel est marginal à ce stade » pour cette population. Le risque de myocardite, une inflammation du muscle cardiaque, chez les jeunes hommes a fortement pesé dans la balance.

Les experts avaient également souligné le manque de données disponibles pour le moment, et que le vaccin en deux doses se révèle toujours très efficace contre les hospitalisations actuellement.

Ils avaient toutefois convenu que son efficacité baissait sensiblement avec le temps chez les personnes âgées.  

Environ 13 millions de personnes de 65 ans et plus ont été vaccinées il y a plus de 6 mois avec Pfizer, et sont donc d’ores et déjà éligibles pour recevoir cette dose de rappel aux États-Unis.