(Washington) Joe Biden a réaffirmé mercredi sa confiance dans son chef d’état-major, le général Mark Milley, accusé d’avoir outrepassé ses fonctions en téléphonant à son homologue chinois fin 2020 en raison de ses inquiétudes sur la santé mentale de Donald Trump.

« J’ai une grande confiance dans le général Milley », a déclaré le président Biden, alors que des élus républicains ont appelé à ce que le chef d’état-major soit démis de ses fonctions.

Le plus haut gradé de l’armée américaine est au centre d’une polémique après les révélations de deux journalistes du Washington Post, Bob Woodward et Robert Costa, sur ses contacts avec son homologue chinois avant et après la dernière élection présidentielle pour éviter une guerre avec la Chine.

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Le chef de l’état-major Mark Milley. « Ses appels aux Chinois et à d’autres en octobre et en janvier étaient conformes à (ses) devoirs et responsabilités consistant à transmettre des assurances pour maintenir la stabilité stratégique », a indiqué le porte-parole de l’état-major, le colonel Dave Butler, dans un communiqué.  

Dans leur ouvrage Péril, à paraître dans les prochains jours, ils affirment que le général Milley a téléphoné secrètement deux fois à son homologue chinois, le général Li Zuocheng, pour l’assurer que les États-Unis n’attaqueraient pas la Chine soudainement et le rassurer sur la stabilité de l’État américain.  

Ces appels ont eu lieu selon eux le 30 octobre 2020, un peu avant le scrutin présidentiel américain, et le 8 janvier 2021, deux jours après l’assaut des partisans de Donald Trump contre le Capitole.

Pas secrets les appels, dit l'armée

Le porte-parole de l’état-major, le colonel Dave Butler, a confirmé ces appels, mais a démenti qu’ils aient été menés en secret.

Ses appels aux Chinois et à d’autres en octobre et en janvier étaient conformes à ses devoirs et responsabilités consistant à transmettre des assurances pour maintenir la stabilité stratégique. Tous les appels du chef d’état-major, y compris ceux dont il est fait état, sont écoutés, coordonnés et communiqués au ministère de la Défense et au reste du gouvernement.

Le porte-parole de l’état-major américain, le colonel Dave Butler

Il a aussi confirmé que le général Milley avait réuni l’état-major après l’attaque de partisans de Donald Trump contre le Congrès le 6 janvier 2021 pour souligner que, si le président sortant ordonnait une frappe nucléaire, il devait en être informé d’abord.

Franc-parler

Ce n’est pas la première fois que le rôle du général Milley dans les dernières semaines de la présidence Trump est souligné.  

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Le président Joe Biden a réitéré sa confiance en son chef d’état-major, le général Mark Milley.

Deux autres journalistes du Washington Post, Carol Leonnig et Philip Rucker, avaient révélé en juillet dans leur livre I Alone Can Fix It : Donald J. Trump’s Catastrophic Final Year, que le chef d’état-major avait comparé l’ex-président à Adolf Hitler.

« On vit un moment comme celui du Reichstag », aurait-il déclaré à ses collaborateurs dans les derniers jours de la présidence Trump, en référence à l’incendie du parlement allemand en 1933, exploité par les nazis pour éliminer les forces d’opposition politiques et mettre en place un régime totalitaire.

Milley nommé par Trump en 2019

Diplômé de l’université de Princeton, le général Milley, 63 ans, a combattu en Irak et en Afghanistan avant de devenir chef d’état-major de l’armée de terre. C’est Donald Trump qui l’avait choisi pour succéder en septembre 2019 au général Joe Dunford comme chef d’état-major, principal conseiller militaire de l’exécutif.

Mais le général à la carrure de joueur de football et aux sourcils broussailleux, qui émaille ses discours d’humour et de références historiques, a pris ses distances avec le bouillant président républicain après avoir été photographié en juin 2020 au côté de Donald Trump suite à la dispersion de manifestations antiracistes à Washington.

Les images le montrant en tenue de camouflage avec M. Trump près de la Maison-Blanche l’avaient consterné et quelques jours plus tard, il s’était publiquement excusé. « Je n’aurais pas dû être là », avait-il dit. « Nous devons respecter scrupuleusement le principe d’une armée apolitique, qui est profondément enraciné dans la quintessence de notre république. »

Volontiers bavard avec les journalistes, il est aussi connu pour son franc-parler. En juin dernier, il avait vivement recadré des élus républicains qui critiquaient le débat sur le racisme au sein de l’armée américaine.

« Je pense véritablement qu’il est important pour ceux d’entre nous qui portons l’uniforme d’être ouverts d’esprit et profondément instruits », avait-il déclaré.