(Washington) Un tribunal américain a opéré lundi une volte-face, refusant finalement de contraindre un hôpital à administrer un traitement controversé, l’ivermectine, à un malade de la COVID-19 19.  

Ce médicament antiparasitaire, plébiscité dans certains milieux, « n’a pas prouvé son efficacité à ce stade », écrit dans sa décision le juge Michael Oster du comté de Butler dans l’Ohio.

« Les communautés médicales et scientifiques ne soutiennent pas aujourd’hui l’usage de l’ivermectine comme un traitement de la COVID-19 », rappelle-t-il en citant les « limites » des études favorables à ce produit, dont certaines « ont même dû être retirées ».

Il y a quinze jours, un autre magistrat, saisi en urgence par la femme d’un malade de la COVID-19, Julie Smith, avait pourtant obligé un hôpital de la banlieue de Cincinnati à donner 30 mg d’ivermectine par jour à son patient pendant deux semaines.

Le juge Oster a refusé d’aller au-delà après une audience, lors de laquelle « même le médecin de la plaignante n’a pas pu dire si poursuivre le traitement à l’ivermectine pourrait faire du bien à Jeff Smith », dit-il dans sa décision. Il a seulement dit que M. Smith « semblait » aller mieux après ces quinze jours, note-t-il encore.

Le groupe UC Health, qui gère l’hôpital de UC West Chester mis en cause, a salué une « nouvelle positive pour la science et l’expertise des professionnels de la santé ». « Nous ne pensons pas que les hôpitaux ou les médecins devraient être obligés d’administrer des médicaments ou des thérapies, surtout quand leur efficacité n’est pas prouvée », a ajouté leur porte-parole Kelly Martin.

L’ivermectine est un médicament très utilisé par les vétérinaires, mais qui a aussi un usage humain contre des parasites, comme la gale, la cécité des rivières (onchocercose) ou encore les poux.  

Depuis le début de la crise sanitaire, des études ont été conduites pour voir si ce médicament peu coûteux pourrait aider à lutter contre la COVID-19. Malgré de premières préétudes en laboratoire encourageantes, les essais menés à ce stade ne sont pas concluants.

L’Organisation mondiale de la santé (OMS) et les autorités sanitaires européennes et américaines déconseillent son utilisation contre la COVID-19, ce qui n’empêche pas un engouement dans certains segments de la population.

Aux États-Unis, des conservateurs proches de l’ancien président Donald Trump, comme les présentateurs de Fox News Laura Ingraham et Sean Hannity, ou le sénateur Ron Johnson en ont fait la promotion.

L’agence du médicament, la FDA a mis en garde contre les dangers de surdose ou l’usage de la forme vétérinaire du médicament. « Vous n’êtes pas un cheval. Vous n’êtes pas une vache. Sérieusement, arrêtez », a-t-elle écrit sur Twitter.