(Washington) Joe Biden a défendu mardi sa décision de quitter l’Afghanistan en affirmant que les États-Unis n’avaient eu d’autre choix que « le départ ou l’escalade militaire » dans la plus longue guerre américaine, après l’accord passé par son prédécesseur Donald Trump avec les talibans.

« Nous n’avions plus qu’un choix simple. Soit suivre l’engagement pris par la précédente administration, et quitter l’Afghanistan, soit dire que nous ne partions pas et renvoyer des dizaines de milliers de soldats à la guerre », a déclaré le président américain lors d’un discours solennel à la Maison-Blanche. « Le véritable choix était entre le départ ou l’escalade. Je n’allais pas prolonger cette guerre éternelle et je n’allais pas prolonger le retrait éternel ».

Joe Biden a salué « l’extraordinaire succès » de la mission d’évacuation des Américains et de leurs alliés depuis l’Afghanistan, lors d’un discours solennel à la Maison-Blanche sur la fin de la plus longue guerre des États-Unis.

« Aucun pays n’a jamais rien réalisé de comparable dans toute l’Histoire », a déclaré le président américain. « L’extraordinaire succès de cette mission est dû au talent incroyable, à la bravoure et au courage altruiste de l’armée américaine, de nos diplomates et de nos professionnels du renseignement. »

Les États-Unis restent déterminés à évacuer les Américains restant en Afghanistan, dont le nombre est évalué entre 100 et 200, a-t-il assuré.

Joe Biden a ensuite laissé son secrétaire d’État Antony Blinken s’exprimer à propos des derniers ressortissants américains et d’autres alliés, afghans et étrangers, des États-Unis, qui veulent encore fuir le pays.

Le président a aussi lancé un avertissement à l’EI-K en Afghanistan : « Nous n’en avons pas fini avec vous. »

Commandant en chef fragilisé

Après le général, le diplomate, et la photo déjà historique du dernier soldat américain montant de nuit dans l’avion à Kaboul, la Maison-Blanche a voulu mettre en scène de manière solennelle le « commandant en chef », titre dont se parent volontiers les présidents américains.

Le président doit exprimer ses « remerciements » pour la spectaculaire opération d’évacuation aérienne menée par les Américains depuis Kaboul, au bénéfice de plus de 120 000 personnes, et « expliquer sa décision de mettre fin à la guerre en Afghanistan », a fait savoir sa porte-parole Jen Psaki dans un bref communiqué.

Une décision que le président n’a jamais reniée. Il n’a pas non plus changé le calendrier, même quand le retrait planifié de longue date a tourné à la débâcle.

L’armée américaine a quitté l’Afghanistan une minute avant que ne débute, à Kaboul, la journée du 31 août, date butoir fixée par Joe Biden.

Pourtant rien ne s’est passé comme prévu. Le président américain et son administration ont d’abord semblé tétanisés par l’avancée fulgurante des talibans. Il faudra du temps pour oublier le long silence de Joe Biden, retranché dans la résidence de vacances de Camp David, devant ses écrans de visioconférence, alors que Kaboul tremblait puis tombait.

La Maison-Blanche a ensuite tenté de reprendre la main avec un discours bien rodé : Joe Biden fait, en quelque sorte, le « sale boulot » en bouclant un retrait d’Afghanistan soutenu par l’opinion publique et par le haut commandement militaire.

Puis est arrivé le 26 août, et la mort de 13 militaires américains dans un attentat près de l’aéroport de Kaboul.

Tourner la page

Le démocrate de 78 ans, qui n’est pas considéré comme un grand orateur, s’attaque à un exercice périlleux mardi.

D’un côté, il veut certainement tourner la page après la première vraie crise de sa présidence.

Mais, de l’autre, Joe Biden ne peut pas aller trop vite.

Pas quand les Américains ont encore en tête les jeunes visages des militaires tombés à Kaboul.

Pas quand il reste aux États-Unis à évacuer entre 100 et 200 ressortissants, en comptant seulement sur la diplomatie et sur les promesses des talibans.

Joe Biden, près de vingt ans après les attaques du 11 septembre 2001, doit aussi convaincre ses concitoyens que l’Afghanistan ne redeviendra pas une base arrière d’où seraient lancés des attentats contre les États-Unis.

Pour la majorité des experts, à long terme, le président sera toutefois jugé sur ses promesses de prospérité pour la classe moyenne, et sur sa capacité à contenir la pandémie de COVID-19, pas sur ses qualités de chef de guerre.

Bien loin de l’Afghanistan laissé aux mains des talibans, Joe Biden doit convaincre dans les prochaines semaines le Congrès de finaliser de faramineux programmes d’infrastructures et de dépenses sociales, dont le montant cumulé pourrait flirter avec les 5000 milliards de dollars.