(Washington) Le département américain de la justice a annoncé jeudi l’ouverture d’une enquête sur la police municipale de Phoenix, accusée d’un usage excessif de la force sur les plus vulnérables de cette grande ville du sud des États-Unis.

C’est la troisième enquête fédérale sur les « modèles et pratiques » de la police d’une grande ville américaine que lance le procureur général Merrick Garland dans la foulée du mouvement de colère contre les violences policières et le racisme qui a secoué le pays l’an dernier.

PHOTO KEN CEDENO, ARCHIVES REUTERS

Le procureur général des États-Unis, Merrick Garland

En avril, des enquêtes similaires avaient été ouvertes sur la police de Louisville (centre-est), où des agents avaient abattu une jeune femme noire, Breonna Taylor, dans son appartement, et sur la police de Minneapolis (nord) où le policier blanc Derek Chauvin a été condamné à 22 ans et demi de prison pour le meurtre de l’Afro-Américain George Floyd.

« Cette enquête va examiner tous les types de force utilisés » par la police de Phoenix, a indiqué le département de la Justice dans un communiqué.

Elle devra déterminer si les policiers de la métropole de l’Arizona abusent systématiquement de leurs pouvoirs et s’ils violent les droits des minorités. Elle portera aussi sur le traitement par les policiers des sans-logis et des personnes souffrant de dépendances ou de troubles mentaux.

Selon les médias locaux, l’usage de la force par la police a été supérieur à Phoenix que dans d’autres villes de taille similaire ces dernières années, et c’est contre la population afro-américaine que la force a été plus particulièrement utilisée.

Si l’existence de pratiques illégales est prouvée, une procédure judiciaire visant à obliger la ville à entreprendre d’importantes réformes de sa police pourrait suivre.

« Ces enquêtes sont destinées à favoriser la transparence et à faire rendre des comptes », a déclaré M. Garland, ajoutant que le chef de la police et le maire de Phoenix avaient donné leur accord.

Mais le procureur général a souligné que les policiers n’étaient pas les seuls responsables.  

« Notre société alourdit la tâche de la police en se tournant vers les services de maintien de l’ordre pour régler un large éventail de problèmes sociaux », a-t-il dit, prévenant que le nombre de sans-abri risquait d’augmenter dans les prochains mois après l’expiration d’un moratoire sur les expulsions pour loyers impayés.

Les policiers sont souvent les premiers appelés lorsqu’un sans-abri souffre d’un trouble psychique, a-t-il noté. « Les risques pour tous ceux qui sont impliqués dans ces interactions sont énormes ».

La question des sans-logis « ne peut pas être réglée par la justice pénale », a-t-il ajouté.