(Washington) Le secrétaire d’État américain Antony Blinken va se rendre pour la première fois en Inde depuis son entrée en fonction, a annoncé le département d’État vendredi, dans un contexte d’inquiétude grandissante de cet allié des États-Unis vis-à-vis de l’Afghanistan.

Il doit s’entretenir mercredi à New Delhi avec le premier ministre indien Narendra Modi, ainsi que le ministre des Affaires étrangères Subrahmanyam Jaishankar, à propos de divers sujets dont la « reprise après la pandémie de COVID-19, la région indopacifique, l’Afghanistan et la coopération à l’ONU », a indiqué le ministère indien des Affaires extérieures dans un communiqué.

Antony Blinken poursuivra son voyage au Koweït, ont indiqué ses services.

Rapprochement à cause de la Chine

Il s’agira du premier déplacement du chef de la diplomatie américaine de l’ère Biden en Inde, pays dont les États-Unis se sont rapprochés depuis la fin des années 1990, les deux plus grandes démocraties du monde partageant des convergences de vue face à l’émergence de la Chine et de l’extrémisme islamiste notamment.

Le secrétaire américain à la Défense, Lloyd Austin, avait déjà effectué une visite à New Delhi en mars.

L’Inde figure parmi les plus fidèles soutiens du gouvernement afghan installé après la chute des talibans face à l’invasion américaine consécutive aux attentats du 11 septembre 2001.

Le président américain Joe Biden a ordonné le retrait des forces américaines présentes en Afghanistan d’ici au 31 août, peu avant le vingtième anniversaire des attaques contre les tours jumelles de Manhattan et le Pentagone.

Les forces afghanes étant largement privées du crucial soutien aérien américain, les talibans ont conquis de vastes territoires ruraux, notamment dans le Nord et l’Ouest de l’Afghanistan, loin de leurs bastions traditionnels du Sud.

L’Inde très présente en Afghanistan

L’Inde a investi 3 milliards de dollars en Afghanistan depuis 2001, qui ont notamment permis de bâtir un nouveau siège du Parlement, suscitant la colère du Pakistan rival, premier soutien des talibans.

New Delhi a récemment évacué une cinquantaine de ses ressortissants membres du personnel de son consulat à Kandahar, insistant sur le caractère temporaire de cette mesure de précaution face aux combats environnant cette ville du Sud afghan ancien bastion des talibans.

Sous la présidence de Joe Biden, les États-Unis ont aussi cherché à accroître la coopération avec l’Inde sur les dossiers cruciaux du réchauffement climatique et de la santé publique, annonçant notamment un accord visant à y produire un milliard de doses de vaccins anti-COVID-19 avec le soutien du Japon et de Australie.

Vaccins

« C’est un pays tellement crucial dans la lutte contre la COVID-19 », a dit Antony Blinken de l’Inde lors d’un entretien sur MSNBC à propos de son voyage.

« Nous avons des millions (de doses) de vaccin prêtes à leur être envoyées quand ils auront fini leur propre processus légal pour les importer. Et l’Inde est le pays qui produit le plus de vaccins ».

« Ils sont bien sûr, et c’est compréhensible, focalisés sur leurs propres défis internes à l’heure actuelle, mais quand cette chaîne de production sera lancée à plein régime et de nouveau capable d’assurer la distribution au reste du monde, ça fera une grosse différence », a-t-il ajouté.

L’administration de Joe Biden a promis de distribuer à l’international 80 millions de doses déjà en sa possession, de contribuer à hauteur de 2 milliards de dollars à l’initiative Covax et d’acheter 500 millions de doses supplémentaires du vaccin Pfizer pour les distribuer à l’Union africaine et à 92 pays en voie de développement.