(Washington) Sous pression, l’Agence américaine des médicaments a annoncé jeudi modifier ses recommandations d’utilisation pour un nouveau médicament contre Alzheimer, autorisé depuis un mois seulement, en restreignant son usage aux personnes atteintes de cas modérés de la maladie uniquement.

Nommé Aduhelm et produit par l’entreprise pharmaceutique Biogen, il s’agissait du premier traitement approuvé contre Alzheimer depuis 2003, mais son autorisation via une procédure accélérée a fait des vagues dans la communauté scientifique.

Chose rare, l’agence américaine (FDA) était en effet allée contre l’avis d’un comité d’expert, qui avait jugé que le traitement n’avait pas suffisamment fait preuve de son efficacité.

Des membres de ce comité ont démissionné en signe de protestation après l’autorisation du médicament, ont rapporté des médias américains.

« Depuis que l’Agence a approuvé Aduhelm, des prescripteurs et d’autres acteurs ont exprimé une certaine confusion quant à la population visée pour ce traitement », a déclaré à l’AFP un porte-parole de la FDA. « Entendant ces inquiétudes, la FDA a déterminé que des clarifications pouvaient être faites. »

Ainsi, les recommandations comportent désormais la précision suivante : le traitement « devrait être initié chez des patients aux déficiences cognitives modérées ou à une phase de démence modérée de la maladie ».

Les essais cliniques ont en effet été conduits au sein de cette population, a précisé l’agence américaine.  

La maladie étant caractérisée par une perte progressive de la mémoire et de certaines fonctions cognitives, pour les patients bénéficiant du traitement mais glissant peu à peu vers une phase plus avancée de la maladie, les médecins doivent « évaluer le bénéfice potentiel » de la poursuite du traitement, au cas par cas, précise la FDA.

Ce médicament utilise des anticorps monoclonaux, du nom d’aducanumab, et doit être administré toutes les quatre semaines par intraveineuse.

Près de 6 millions d’Américains vivent avec Alzheimer, qui constitue la sixième cause de décès aux États-Unis.

Mais les études sur des traitements ont subi ces dernières années revers sur revers, et aucun remède permettant une guérison n’existe à ce jour.

C’est pourquoi ce médicament a été vu comme une lueur d’espoir par les patients affectés et leurs proches. Notamment car les traitements autorisés jusqu’ici ne combattaient que les symptômes d’Alzheimer.  

Le traitement de Biogen, lui, vise le mécanisme de la maladie même. Il cherche à détruire les plaques formées par certaines protéines, dites « amyloïdes », qui compriment les neurones dans le cerveau des patients. Cette piste est l’une des principales explorées par la recherche contre cette pathologie ces dernières années.