(Surfside) À environ un pâté de maisons de l’immeuble en copropriété en bord de mer dans la région de Miami qui s’est effondré jeudi dernier se trouve sa « tour jumelle », érigée un an plus tard par la même société, en utilisant les mêmes matériaux et une architecture similaire.

Cette tour nord du complexe Champlain, à Surfside, a affronté les mêmes marées et le même air salin que sa « jumelle » sud, ce qui a suffisamment inquiété certains de ses résidents pour qu’ils décident de partir.

Mieux entretenu

Mais la plupart sont restés, convaincus que leur immeuble de 12 étages, lui aussi vieux de près de 40 ans, était mieux entretenu que la tour sud, qui s’est effondrée jeudi matin, faisant au moins 11 morts jusqu’ici, mais 150 disparus.

Ces copropriétaires soutiennent que la tour nord ne présente pas les mêmes problèmes de fissures dans les poutres de soutien et dans le secteur de la piscine que ceux révélés en 2018 par les rapports d’ingénierie pour la tour sud.

L’effondrement de cette tour a attiré l’attention sur de hauts immeubles plus anciens dans tout le sud de la Floride. La tragédie a incité la mairesse du comté de Miami-Dade, Daniella Levine Cava, à ordonner un audit de 30 jours pour déterminer si les hauts immeubles sont conformes avec la nouvelle certification requise après 40 ans pour leur intégrité structurelle.

La Ville de Miami a emboîté le pas : elle a lancé un audit de 45 jours pour les bâtiments d’au moins six étages qui ont 40 ans ou plus.

Les inspecteurs ont par ailleurs effectué un examen rapide de la tour nord du complexe Champlain, et le maire de Surfside, Charles Burkett, a déclaré qu’on n’avait rien trouvé qui pourrait suggérer que l’immeuble risquait de s’effondrer comme sa sœur sud.

« Pétrifiée de retourner »

Cela n’a pas rassuré tout le monde. Certainement pas Rebecca Weinstock, une snowbird qui a acheté son appartement au sixième étage de la tour nord il y a quatre ans avec son mari.

Je suis pétrifiée à l’idée de revenir.

Rebecca Weinstock

Elle est actuellement à New York, où elle se trouvait lorsque la tour sud s’est effondrée jeudi matin. Bien qu’elle reconnaisse que le bâtiment nord est bien entretenu, elle a déclaré que cela ne suffisait pas à la convaincre qu’il était totalement sûr. Il a été achevé en 1982, un an après la tour Sud, et construit par le même promoteur, Nathan Reiber, par l’intermédiaire de sa firme Nattel Construction.

Selon le quotidien Miami Herald, M. Reiber, né en Pologne, avait émigré à Montréal avec ses parents et ses frères et sœurs en 1929, alors qu’il avait deux ans. Il a ensuite obtenu un diplôme en droit de l’Université de l’Alberta et a pratiqué à Toronto, avant de prendre sa retraite à Miami Beach et de commencer sa nouvelle carrière de promoteur immobilier aux États-Unis et au Canada, à la fin des années 1970. M. Reiber est décédé en 2014, selon le Miami Herald.

Mme Weinstock ne retournera pas à la tour nord, en tous cas, tant qu’elle n’aura pas reçu le feu vert de deux ingénieurs indépendants... et pas du sud de la Floride ! Les résidents de la tour nord qui souhaitent déménager temporairement se voient offrir une aide fédérale, tout comme les survivants de la tour sud. Mais la plupart des résidents interrogés lundi souhaitaient rester, du moins en attendant les résultats des inspections structurelles.

Salomon Gold, qui a été 10 ans président de l’association des copropriétaires à la tour nord et passé 20 ans au conseil d’administration, est convaincu que le bâtiment est sécuritaire. Il affirme que lui et les autres membres du conseil n’ont jamais lésiné sur l’entretien.

Il compare l’effondrement de la tour sud aux écrasements d’avions : ce n’est pas parce qu’un avion s’écrase que d’autres du même modèle s’écraseront aussi.

Le maire Burkett a déclaré qu’une inspection en profondeur de la tour nord devait être menée mardi par une société d’ingénierie embauchée par les copropriétaires. Compte tenu des résultats de l’inspection préliminaire de la tour nord, le maire ne voit aucune raison d’ordonner son évacuation. Il admet pourtant qu’il n’y habiterait pas lui-même pour l’instant, tant que les inspections ne seront pas terminées.