(Surfside) Le visage fermé, fourbus après des heures de recherches dans la chaleur étouffante, les sauveteurs accomplissent depuis cinq jours un travail de fourmi dans les décombres de l’immeuble effondré à Surfside, près de Miami, où plus de 150 résidents sont encore portés disparus.

Les 300 pompiers du comté de Miami-Dade, appuyés par des renforts venus de tout l’État de Floride, ont été déployés dès l’effondrement des 55 appartements du complexe Champlain Towers, dans la nuit de mercredi à jeudi.

Dans cette pile de ferraille et de béton, les opérations avancent pas à pas… trop lentement pour certaines familles de victimes.

Maggie Castro, membre de l’unité de recherches et de secours N.1 des pompiers de Miami-Dade, comprend la colère et la frustration. Elle assure à l’AFP que « cela semble lent, mais nous procédons aussi rapidement que possible ».

« C’est une opération difficile », perturbée par les orages réguliers et un incendie long à maîtriser, dit-elle.

« Nous devons chercher dans un énorme amas de gravats d’une façon méthodique et stratégique », explique-t-elle.

« Il y a des zones avec potentiellement des poches d’air où il peut y avoir des survivants. Si nous nous précipitons sur ces décombres et les attaquons agressivement, nous détruisons ces espaces ».

Les premiers sauveteurs arrivés peu après la catastrophe ont réussi à sortir des ruines un adolescent en vie.

La catastrophe a fait au moins neuf morts, et des restes humains retrouvés doivent encore être identifiés.

Face au bilan qui augmente lentement malgré l’ampleur de la tragédie, Maggie Castro explique que « ces gens étaient probablement au lit quand c’est arrivé », il y a donc peu de chance d’en retrouver un grand nombre à la fois.

Et, souligne-t-elle, le bâtiment n’est pas tombé à la verticale mais « dans toutes les directions ».

Des gros engins de chantier, deux grues et une pelleteuse, ont été déployés vendredi. Lorsqu’une plaque de béton est soulevée, les sauveteurs « travaillent à la main, dégagent les gravas avec des seaux », dit Mme Castro.

L’espoir s’amenuise

PHOTO GIANRIGO MARLETTA, AGENCE FRANCE-PRESSE

Moises Soffer, volontaire de l’organisation chez Cadena International, participe aux recherches avec sa chienne Oreo.

Entre 50 et 60 personnes, secouristes et unités cynophiles, s’activent sur le site en permanence, épaulés par des technologies de recherches par l’image et par le son pour localiser des poches d’air.

Moises Soffer, volontaire de l’organisation juive latino-américaine Cadena International, participe aux recherches avec sa chienne Oreo. La petite femelle pomsky, âgée de presque deux ans, est spécialement entraînée pour retrouver des survivants.

« Je la lâche et elle va où elle veut. Dans des trous, des espaces où un adulte ne peut pas aller, dans des endroits instables grâce à son poids », dit son maître, 36 ans et originaire du Mexique.

Si M. Soffer détecte un danger, les reconnaissances se font avec la laisse et la chienne « donne une direction » à suivre.

Oreo peut travailler cinq à six heures de suite, avec des interruptions de 20 minutes. Mais à Surfside, elle sort tôt le matin et en fin de journée, à cause de la chaleur et de l’humidité.

Moises Soffer n’a pas l’autorisation de dire si sa chienne a détecté des survivants, mais assure qu’il restera « tant qu’il le faudra ».

L’espoir de retrouver des victimes vivantes s’amenuise pourtant de jour en jour.

« Nous entendons des débris qui tombent, du métal qui se tord, mais nous n’avons pas entendu de bruit humain », dit Maggie Castro, 52 ans dont 17 passés chez les pompiers de Miami.

« C’est difficile, fatiguant, et ça peut être émotionnellement lourd quand nous travaillons des heures durant, sans retrouver personne », admet-elle.

Face à l’impatience des familles de victimes, dont de nombreux membres de la communauté juive, le comté a accepté d’accueillir une équipe d’une dizaine de militaires israéliens qui va être intégrée aux équipes sur place.

Pour sa part, Maggie Castro rappelle que son unité a de l’expérience : le séisme à Haïti en 2010, La Nouvelle-Orléans en 2005 après l’ouragan Katrina. Certains de ses équipiers ont aussi participé aux opérations de secours après l’attentat d’Oklahoma City et du 11 septembre.