(Washington) Les tensions entre les États-Unis et la Chine menacent la planète tout entière et pourraient conduire à un conflit sans précédent entre les deux géants militaires et technologiques, a affirmé vendredi l’ancien diplomate américain Henry Kissinger.

Pour l’ex-secrétaire d’État de Richard Nixon, artisan du rapprochement historique entre Washington et Pékin des années 1970, les grandes capacités économiques, militaires et technologiques des deux grandes puissances rendent les tensions actuelles plus dangereuses que celles de la Guerre froide avec l’Union soviétique.

C’est « le plus gros problème pour les États-Unis, le plus gros problème pour le monde entier », a déclaré M. Kissinger, 97 ans, lors d’un forum organisé par le centre de réflexion McCain Institute.

Bien que le risque de conflit nucléaire ait été important pendant la Guerre froide, les avancées technologiques en termes d’armement nucléaire et surtout d’intelligence artificielle – deux secteurs où les États-Unis comme la Chine sont en pointe – ont multiplié les menaces d’apocalypse, selon lui.

Pour la première fois dans l’histoire, l’humanité a la capacité de s’autodétruire en un temps limité. « Nous avons développé des technologies d’une puissance inimaginable il y a 70 ans ».

Henry Kissinger

« Et maintenant, à la question nucléaire s’ajoute la question technologique qui, dans le domaine de l’intelligence artificielle, est fondée sur le fait que l’homme devient le partenaire d’une machine et que la machine peut développer son propre jugement », a-t-il ajouté.

« Dans un conflit militaire entre deux grandes puissances technologiques, c’est d’une importance colossale », s’est-il exclamé.

Selon lui, la Guerre froide entre l’URSS et les États-Unis après la Seconde Guerre mondiale n’était pas comparable.

« L’Union soviétique n’était pas une puissance économique. Leurs capacités technologiques étaient militaires », a-t-il rappelé. L’URSS « n’avait pas le développement technologique que la Chine a aujourd’hui. La Chine a un énorme pouvoir économique, outre son pouvoir militaire important ».

Pour M. Kissinger, les États-Unis doivent rester fermes sur les principes et exiger que la Chine les respecte, tout en maintenant un dialogue constant et en trouvant des domaines de coopération avec Pékin.