Alors qu’il complète ses cent premiers jours au pouvoir, l’emphase mise par Joe Biden sur la lutte à la pandémie pendant les premiers mois de son administration semble porter des fruits : pratiquement toutes ses promesses électorales liées au coronavirus ont été respectées.

M. Biden a aussi livré la marchandise concernant certains de ses principaux engagements électoraux au sujet des changements climatiques. Mais certaines promesses sont plus difficiles à tenir, surtout dans le domaine de l’immigration face à l’explosion du nombre de mineurs qui se présentent seuls à la frontière avec le Mexique.

Voici un aperçu de la situation.

IMMIGRATION

— Augmenter le quota de réfugiés à 125 000, comparativement à celui de 15 000 imposé par le président Trump.

Même pas proche. Le nombre d’immigrants admis cette année aux États-Unis risque d’être très près de 15 000.

— Augmenter les ressources humanitaires à la frontière et encourager les partenariats public-privé (PPP) pour gérer l’augmentation du nombre d’arrivées.

Oui, mais est-ce que ce sera suffisant ? Le département de la Sécurité intérieure a déployé FEMA (l’agence fédérale de gestion des urgences) le long de la frontière, et M. Biden a signé un décret demandant qu’on se prépare à utiliser des ressources humanitaires à cet endroit, mais aucun PPP n’a encore été annoncé. Les ressources en place sont incapables d’accueillir tous les mineurs qui arrivent seuls à la frontière.

— Mettre fin aux restrictions imposées aux voyageurs qui arrivent de pays majoritairement musulmans.

Fait.

— Mettre fin au financement et à la construction du mur le long de la frontière.

Fait.

— Mettre fin à la séparation des familles et créer un groupe de travail pour réunir les familles séparées à la frontière.

En cours. M. Biden a signé des décrets présidentiels pour mettre fin à cette pratique et mettre sur pied un groupe de travail consacré aux réunions familiales. Le groupe de travail progresse lentement et doit éplucher des milliers de dossiers.

— Organiser une rencontre régionale avec des dirigeants du Canada, du Salvador, du Guatemala, de Honduras et du Mexique pour étudier les facteurs responsables de la migration et proposer un plan régional de réinstallation.

Pas encore. La vice-présidente de Kamala Harris, qui doit s’attaquer aux racines de la migration, a parlé aux dirigeants du Mexique et du Guatemala, mais aucune rencontre n’est prévue.

— Assurer le comportement professionnel des employés de l’immigration et des douanes, et s’assurer que les contrevenants devront rendre des comptes.

M. Biden a prévu du financement pour la formation et pour enquêter sur les écarts de conduite dans son projet de loi sur l’immigration et dans le budget soumis au Congrès. Des allégations d’inconduite ont fait surface dans au moins un établissement du Texas ; une enquête a été ouverte.

— Mettre fin à la détention prolongée des migrants et investir dans un système pour accélérer la gestion des dossiers.

Aucun investissement n’a été annoncé à ce sujet. L’administration a annoncé son intention en mars de relâcher parents et enfants moins de 72 heures après leur arrivée aux États-Unis. Des responsables ont ensuite reconnu que des centaines d’enfants sont détenus par les services frontaliers depuis bien plus longtemps, en raison du bond du nombre de mineurs qui arrivent seuls.

POLITIQUE INTÉRIEURE

— Mettre fin à l’interdiction pour les individus transgenres de servir au sein de l’armée.

Fait.

— Créer un organisme de supervision de la police.

Abandonné. L’administration Biden a annoncé qu’elle laissait tomber cette idée, après que des consultations avec des groupes civiques et des syndicats policiers eurent démontré qu’elle serait plus nuisible qu’utile.

COVID-19

— Rejoindre les rangs de l’Organisation mondiale de la Santé.

Fait.

— Voir à ce que 100 millions de doses de vaccin aient été administrées avant la fin de ses 100 premiers jours au pouvoir, un objectif ensuite gonflé à 200 millions de doses.

Fait.

— Accroître l’accès aux tests, imposer le port du masque dans les installations fédérales et demander aux Américains de porter un masque pendant 100 jours.

Fait.

— Rouvrir sécuritairement la majorité des écoles primaires du pays.

Selon le site Burbio, en date du 18 avril, 62 % des écoles américaines offraient des cours en personne tous les jours. On ne sait pas quel pourcentage de ces écoles sont des écoles primaires.

CLIMAT

— Annuler le permis de l’oléoduc Keystone XL, protéger le Refuge national de l’Arctique, rejoindre l’Accord de Paris et adopter l’amendement de Kigali au Protocole de Montréal pour réduire les hydrofluorocarbures.

Fait.

— Convoquer un sommet mondial sur le climat et convaincre le monde d’adopter des cibles plus ambitieuses de réduction des émissions.

Fait.

— Renverser l’annulation par M. Trump d’une centaine de mesures environnementales et sanitaires.

En cours. M. Biden a signé un décret le jour de son assermentation pour réviser les règles Trump concernant l’environnement, la santé publique et la science. Le renversement de certaines mesures est commencé.

POLITIQUE ÉTRANGÈRE

— « Mettre fin aux guerres interminables en Afghanistan et au Moyen-Orient », et mettre fin à la participation des États-Unis à la guerre civile au Yémen.

En cours. M. Biden a annoncé que les forces américaines commenceraient à se retirer d’Afghanistan le 1er mai et que le redéploiement serait terminé au plus tard le 11 septembre. Il a aussi annoncé la fin de l’appui américain à l’offensive saoudienne qui dure depuis cinq ans au Yémen.

— Placer les droits de la personne au cœur de la politique étrangère.

Mitigé. M. Biden a exprimé ses préoccupations directement au président chinois Xi Jinping concernant Hong Kong, les violations des droits des Ouïghours et des minorités ethniques au Xinjiang, et Taïwan. Il s’est plusieurs fois inquiété du traitement et de l’incarcération de l’opposant russe Alexeï Navalny. Mais M. Biden a refusé de dire que le prince héritier saoudien Mohammed ben Salman était directement responsable de la mort du journaliste Jamal Khashoggi, même si les renseignements américains disposent de preuves que M. Salman a commandité l’assassinat.

— Améliorer les liens avec les alliés dont les relations avec M. Trump étaient difficiles.

Essentiellement fait. Des alliés comme Justin Trudeau du Canada et Angela Merkel de l’Allemagne, dont les relations avec M. Trump étaient cahoteuses, ont salué les efforts de M. Biden dans des domaines comme la lutte aux changements climatiques. Les leaders de la région indo-pacifique sont satisfaits de ses initiatives pour coordonner la politique face à la Chine.

— Refermer les bras ouverts offerts à des « dictateurs et des tyrans comme (Vladimir) Poutine et Kim Jong-un ».

Essentiellement fait. M. Biden a imposé deux séries de sanctions à Moscou. Son administration a décidé d’adopter une approche prudente face à M. Poutine et dit que M. Biden est intéressé à trouver un terrain d’entente entre les deux pays. Son équipe a tendu la main à la Corée du Nord, sans succès.

— Rejoindre rapidement l’accord sur le nucléaire iranien, pourvu que Téhéran en respecte les conditions.

Mitigé. Des pourparlers indirects se déroulent entre les signataires de cet accord conclu en 2015, dont le Royaume-Uni, l’Allemagne, la France, la Chine et la Russie. Mais Téhéran refuse de se plier aux conditions de l’accord tant que les sanctions dont elle fait l’objet n’auront pas été annulées. L’Iran a récemment produit l’uranium le plus enrichi de son histoire.