(Washington) Tous les avertissements sont là.

Tout comme les étudiants qui ont attaqué une école, ceux dont les plans ont été mis en échec avaient des antécédents de dépression, de stress, d’intimidation et de comportements jugés inquiétants par leur entourage, prévient un rapport dévoilé mardi par le Secret Service des États-Unis.

Plusieurs adultes qui ont commis des fusillades présentaient ces mêmes passés difficiles.

L’étude réalisée par le National Threat Assessment Center du Secret Service a analysé le profil de cent étudiants qui avaient planifié d’ouvrir le feu dans des écoles primaires et secondaires américaines entre 2006 et 2018. Elle accompagne l’étude publiée en 2019 sur les fusillades commises dans les écoles depuis le massacre de Columbine en 1999.

« Les conclusions démontrent qu’il y a pratiquement toujours des moments où on peut intervenir avant qu’un étudiant ne se tourne vers la violence », a dit la directrice du centre, Lina Alathari.

Tous les complots étudiés étaient passablement élaborés ; les étudiants avaient franchi quelques étapes pour les concrétiser et la menace pour les écoles était réelle. Ceux qui ont dénoncé ces complots aux autorités ont vraisemblablement sauvé des vies.

Les conclusions du rapport seront dévoilées en direct à plus de 11 000 écoles et organisations communautaires lors d’une séance de formation, a dit Mme Alathari.

L’objectif est d’utiliser cette information pour permettre aux écoles de mieux gérer les signes avant-coureurs — et ça ne signifie par d’expulser les étudiants troublés.

« L’étude a conclu que d’expulser les étudiants ne fait pas disparaître le risque », a dit un des auteurs, Steven Driscoll. La clé est plutôt de s’attaquer à l’intimidation, d’offrir des services de santé mentale et d’évaluer l’impact des sources de stress à la maison.

« Aucun étudiant ne devrait tomber entre les mailles du filet », a-t-il ajouté.

C’est en 2017 que le plus grand nombre de complots ont été éventés, soit 11. Plusieurs des attaques étaient planifiées pour avril, le même mois que l’attentat de Columbine. La plupart des écoles visées étaient des écoles secondaires publiques ; 37 % se trouvaient en banlieue et 14 % en ville.

Seulement cinq des conspirateurs étaient des filles. Le plus jeune avait 11 ans et le plus vieux 19 ans. La plupart étaient motivés par la vengeance, surtout en raison de l’intimidation dont ils auraient été victimes. Plusieurs étaient suicidaires ou dépressifs. Huit aspiraient à la gloire.

Plus de la moitié d’entre eux avaient eu une enfance difficile, comme la toxicomanie à la maison ou des parents ayant eu des problèmes de santé mentale. Plusieurs avaient l’intention de perdre la vie au moment de l’attaque et consommaient des drogues ou de l’alcool.

Les conspirateurs avaient accès à des armes dans 75 % des cas, souvent dans leur domicile, et plus de la moitié d’entre eux étaient déjà armés. Certains avaient confectionné des bombes artisanales. Plus de la moitié d’entre eux avaient rédigé une liste de choses à faire ou un document justifiant leur attaque.

Plusieurs des étudiants s’intéressaient à la violence ou à la haine. Un aurait voulu attaquer l’école de Columbine, où 12 étudiants et un enseignant ont été abattus par deux jeunes qui se sont ensuite suicidés. Le tiers d’entre eux avaient étudié des attaques précédentes, comme celle de l’école primaire Sandy Hook en 2012, quand 27 personnes — principalement des enfants de première année — ont été tuées.

Neuf conspirateurs s’intéressaient à Adolf Hitler, au nazisme ou à la suprématie blanche.

Mais plus que tout, disent les chercheurs, 94 % des étudiants avaient parlé de leur complot ou de ce qu’ils avaient l’intention de faire d’une manière ou d’une autre, verbalement ou électroniquement, et 75 % des complots ont été éventés parce que les auteurs en avaient parlé ouvertement. Environ les tiers des complots ont été neutralisés dans les 48 heures précédant l’attaque planifiée.

Dans ces cas, les jeunes ont été arrêtés et ont fait l’objet d’accusations criminelles. Mais le but de l’étude, ont dit les chercheurs, n’est pas d’identifier ceux qui devraient être arrêtés, mais d’empêcher qu’ils soient arrêtés en identifiant les signes avant-coureurs.

« D’abord et avant tout, on peut prévenir la violence ciblée si les communautés peuvent identifier les signes avant-coureurs et intervenir », a dit M. Driscoll. Le plus tôt sera le mieux. Le but est d’empêcher que ces jeunes aient affaire au système de justice criminelle.

« Le but premier, a dit M. Driscoll, est d’offrir au jeune de l’aide le plus tôt possible. »