Près de 1,5 million de personnes sont inscrites à un site qui envoie une alerte par texto pour recevoir sur-le-champ une dose de vaccin sur le point d’être périmée.

Plus de 2,3 millions de doses de vaccins contre la COVID-19 sont administrées par jour aux États-Unis, soit 50 % de plus qu’il y a un mois.

Cette ruée sur les vaccins provoque un défi : que faire avec les doses qui ont été dégelées, mais pas utilisées, en raison d’une erreur ou d’un rendez-vous manqué ? Le vaccin de Pfizer-BioNTech, par exemple, doit être utilisé dans les six heures suivant la perforation du flacon.

Typiquement, les équipes de vaccination font des appels en fin de journée pour trouver des personnes prêtes à se faire vacciner sur-le-champ, afin qu’aucune dose ne finisse à la poubelle. En février, une équipe de vaccination immobilisée dans une tempête de neige sur une autoroute en Oregon était passée de voiture en voiture pour vacciner six automobilistes avec des doses non réclamées.

Depuis le mois dernier, une nouvelle entreprise appelée Dr. B propose de mettre en contact des équipes de vaccination avec des citoyens qui souhaitent recevoir rapidement une dose de vaccin.

Ordre de vulnérabilité

Les participants, dont le nombre frôle aujourd’hui 1,5 million, sont triés par ordre de vulnérabilité à la COVID-19 et reçoivent un texto si une dose de vaccin est disponible près de chez eux. Ils ont 15 minutes pour accepter l’offre. Le service ne requiert aucun paiement.

L’entrepreneur en technologie Cyrus Massoumi, qui finance le projet de sa poche, a dit au New York Times ne pas avoir l’intention de faire de profits avec le service.

En fin de compte, les patients ont besoin de ce vaccin, et il y a des prestataires qui ont besoin d’aide pour le faire parvenir aux personnes prioritaires. C’est ma motivation.

Cyrus Massoumi, entrepreneur en technologie, au New York Times

Benoit Barbeau, virologue à l’UQAM, est d’avis que cette approche est « très louable » puisqu’elle permet d’utiliser toutes les doses des précieux vaccins.

« Je présume qu’au Québec aussi, on minimise les stocks inachevés à la fin de la journée, et j’espère également que ces doses restantes sont utilisées pour une liste de personnes en attente », dit-il.

Pas de doses jetées au Québec

Vérification faite, les équipes de vaccination au Québec ne jettent pas de doses de vaccin.

« Je vous confirme qu’on n’a jamais jeté et qu’on ne jettera jamais de doses de vaccin : le Ministère a transmis des consignes très claires en ce sens », explique Gilles Turmel, conseiller aux relations médias du Centre intégré de santé et de services sociaux (CISSS) du Bas-Saint-Laurent, où la vaccination de masse est en cours depuis le 11 mars.

Si des personnes ne se présentent pas à leur rendez-vous, le CISSS peut contacter ses travailleurs et leur administrer les doses de vaccin, note-t-il. « Mais à la vitesse où les rendez-vous trouvent preneurs, gageons que tout le monde (ou presque) se présentera pour la vaccination », dit M. Turmel.

Judith Goudreau, du service des communications du CISSS de Laval, note qu’il ne reste habituellement qu’une ou deux doses de vaccin en fin de journée.

« Dans ces cas précis, nous pouvons offrir ces doses à un employé sur place ou qui peut se déplacer rapidement au centre de vaccination. Les doses de vaccin sont gérées de façon très rigoureuse. On dégèle les doses au fur et à mesure que la journée avance (en prenant en considération un délai d’une heure pour la décongélation). Aucune dose de vaccin n’est jetée. »

Au CIUSSS de l’Estrie non plus, les doses de vaccin inutilisées ne finissent pas à la poubelle, signale la porte-parole, Marie-Ève Nadeau.

« À la fin de la journée, bien que la préparation des fioles se fasse en fonction des rendez-vous et du nombre de personnes qui se présentent à leur rendez-vous, différents moyens peuvent être utilisés pour administrer les doses restantes. Par exemple, il est possible de vacciner le personnel sur place qui souhaite obtenir le vaccin, mais qui ne l’a pas encore reçu. »