À sa sortie, le président Donald Trump a revendiqué le mérite de ce qu’il n’a pas fait et a déformé son bilan en matière d’emplois, d’impôts, de pandémie et bien plus encore. Son discours d’adieu était en fait truffé de mensonges.

De plus, en déclarant que les Américains étaient « horrifiés » par l’assaut du Capitole, il a passé sous silence les encouragements qu’il avait donnés à la foule avant l’émeute et les éloges qu’il avait faits à l’égard des assaillants tandis qu’ils étaient encore en train de piller le siège gouvernemental.

Voici un aperçu de ses déclarations :

COVID-19

TRUMP : « Une autre administration aurait pris trois, quatre, cinq, peut-être même jusqu’à dix ans pour développer un vaccin. Nous l’avons fait en neuf mois. »

LES FAITS : En fait, l’administration n’a développé aucun vaccin. Les sociétés pharmaceutiques l’ont fait. Et l’une des deux entreprises américaines qui ont mis au point les vaccins actuellement utilisés n’a pas pris les fonds du gouvernement.

L’affirmation de M. Trump selon laquelle une autre administration aurait pris des années à développer le vaccin est difficile à croire. Les vaccins contre la COVID-19 ont été conçus très rapidement, mais d’autres pays y ont également contribué. Un vaccin contre le coronavirus n’est pas une réalisation singulière des États-Unis, encore moins de l’administration Trump.

Le fabricant de médicaments américain Pfizer a développé son vaccin en partenariat avec BioNTech en Allemagne. L’entreprise n’a pas utilisé l’argent fédéral, mais elle a bénéficié d’un engagement anticipé de Washington pour acheter de grandes quantités si le vaccin était efficace. Un vaccin de Moderna, des États-Unis, est également largement utilisé.

Le vaccin britannique d’AstraZeneca-Oxford est administré dans plusieurs pays et les vaccins de la Chine et de la Russie sont également utilisés, mais de façon plus limitée. Dans le monde, plus d’une douzaine de vaccins potentiels en sont aux dernières phases d’essais.

ANCIENS COMBATTANTS

TRUMP : « Nous avons réussi VA Choice »

LES FAITS : Non, il n’a pas adopté le programme Choice pour les anciens combattants. C’est l’ancien président Barack Obama qui l’a fait. M. Trump l’a élargi. Le programme permet aux anciens combattants d’obtenir des soins médicaux en dehors du système des anciens combattants sous certaines conditions. Le président Trump a tenté à de nombreuses reprises de s’attribuer le mérite de la réussite de M. Obama.

IMPÔTS

TRUMP : « Nous avons adopté le plus grand ensemble de réductions d’impôts et de réformes de l’histoire américaine. »

LES FAITS : Ses réductions d’impôt ne se rapprochent même pas des plus importantes de l’histoire des États-Unis.

Il s’agit d’une réduction d’impôts de 1500  milliards US sur dix ans. En proportion de l’ensemble de l’économie, une réduction d’impôt de cette taille se classe au 12e rang, selon le Comité pour un budget fédéral responsable. La réduction de 1981 du président Ronald Reagan est la plus importante, suivie de la baisse d’impôts de 1945 qui a financé la Seconde Guerre mondiale.

Les réductions d’impôts post-Reagan figurent également parmi les plus importantes sur le plan historique : les coupes du président George W. Bush au début des années 2000 et le renouvellement de celles-ci par Barack Obama une décennie plus tard.

ÉCONOMIE

TRUMP : « Nous avons également construit la plus grande économie de l’histoire du monde. »

LES FAITS : Non, les chiffres démontrent que ce n’était pas la plus grande de l’histoire des États-Unis. Et il est le premier président depuis Herbert Hoover — à l’époque de la Grande Dépression — à quitter ses fonctions avec moins d’emplois qu’à ses débuts.

Les États-Unis avaient-ils un nombre historique d’emplois avant la pandémie ? Bien sûr, la population avait augmenté. Le taux de chômage de 3,5 % avant la récession était à son plus bas niveau depuis un demi-siècle, mais le pourcentage de personnes travaillant ou cherchant un emploi était toujours en dessous du sommet de 2000.

L’économiste lauréat d’un prix Nobel Paul Romer s’est penché sur le bilan de croissance économique de Donald Trump. La croissance sous le président Trump était en moyenne de 2,48 % par an avant la pandémie, à peine supérieure aux gains de 2,41 % obtenus au cours du deuxième mandat de Barack Obama. En revanche, l’expansion économique qui a commencé en 1982 sous la présidence de Ronald Reagan a généré une croissance moyenne de 4,2 % par an.

EMPLOIS

TRUMP : « Nous avons relancé la création d’emplois aux États-Unis et atteint un niveau historiquement bas de chômage pour les Afro-Américains, les Hispaniques, les Américains asiatiques, les femmes — presque tout le monde. »

LES FAITS : Ce n’était pas une relance. La création d’emplois a en fait ralenti en 2017, la première année du mandat de Donald Trump, à environ 2 millions, contre près de 2,5 millions en 2016, la dernière année du mandat de M. Obama.

Les faibles taux de chômage font référence à une économie prépandémique qui n’existe plus. La pandémie a coûté 10 millions d’emplois à l’économie américaine et a fait de M. Trump le premier président depuis Herbert Hoover à superviser une perte nette d’emplois. Les États-Unis ont actuellement environ 2,8 millions d’emplois de moins que lors de l’inauguration de Donald Trump et en ont perdu 140 000 juste en décembre. Et les pertes d’emplois ont affecté de manière disproportionnée les Afro-Américains, les Hispaniques et les femmes.

TRUMP : « Tous les Américains ont été horrifiés par l’assaut contre notre Capitole. La violence politique est une attaque contre tout ce que nous chérissons en tant qu’Américains. Cela ne peut jamais être toléré. »

LES FAITS : Cela résume peut-être la réaction de la plupart des Américains, mais le président a omis de dire qu’il avait lui-même attisé la colère de ses partisans avant l’émeute.

Pendant des mois, Donald Trump a prétendu à tort que l’élection de novembre lui avait été volée, puis a invité des partisans à Washington et les a envoyés au Capitole avec l’exhortation à « se battre farouchement ».

Avec le soulèvement toujours en cours, Donald Trump a publié une vidéo pour leur dire « de rentrer chez eux maintenant », tout en répétant que « c’était une élection frauduleuse ». « Nous vous aimons. Vous êtes très spéciaux », a-t-il ajouté.

La Chambre des représentants a voté pour la destitution de Donald Trump, l’accusant d’avoir incité à une insurrection. Le chef républicain du Sénat, Mitch McConnell, un allié politique de M. Trump depuis quatre ans, a déclaré mardi que les partisans du président Trump avaient été « nourris de mensonges » et « provoqués par le président et d’autres personnes puissantes ».

GROUPE ARMÉ ÉTAT ISLAMIQUE

TRUMP : « Nous avons anéanti le califat de l’EI. »

LES FAITS : Sa suggestion d’une défaite totale est trompeuse, car le groupe État islamique constitue toujours une menace.

Le groupe armé État islamique a été vaincu en Irak en 2017, puis a perdu ses derniers bastions en Syrie en mars 2019, marquant la fin du califat autoproclamé des extrémistes. Pourtant, les cellules dormantes extrémistes ont continué à lancer des attaques en Irak et en Syrie ces dernières semaines et seraient responsables de meurtres ciblés contre des responsables locaux et des membres des Forces démocratiques syriennes.

La poursuite des attaques est un signe que le groupe militant profite de gouvernements qui sont préoccupés par la pandémie et ses conséquences économiques. Le virus ajoute aux inquiétudes de longue date parmi les experts en sécurité et les experts de l’ONU selon lesquelles le groupe serait en train d’organiser un retour.

-Par Hope Yen, Christopher Rugaber et Calvin Woodward, The Associated Press