Les 460 000 motocyclistes qui se sont rassemblés en août dans le Dakota du Sud et dans l’insouciance face à la pandémie auraient conduit à un total de 260 000 nouveaux cas de COVID-19, estiment des chercheurs dans une étude publiée mardi. Ce chiffre, non confirmé de façon indépendante, ferait du Sturgis Motorcycle Rally le plus grand évènement de propagation du coronavirus documenté à ce jour aux États-Unis.

« Nous estimons que le Sturgis Motorcycle Rally est à l’origine de quelque 250 000 cas répertoriés entre le 2 août et le 2 septembre. Ce qui représente environ 19 % des cas au pays durant cette période », a écrit l’un des chercheurs, Andrew Friedson, sur sa page Twitter, après la publication de l’étude au début de la semaine.

Cette étude, menée par des économistes de l’Université de San Diego et publiée par l’Institute of Labor Economics (IZA), est une approximation statistique fondée sur des données anonymisées de mobilité issues des téléphones portables dans la petite ville de Sturgis, et autour de celle-ci – une région rurale très peu habitée, envahie chaque année durant plus d’une semaine par des centaines de milliers de motocyclistes.

Ces données ont permis de confirmer le nombre de personnes qui ont campé, qui sont sorties, ont bu, mangé et écouté des concerts – la plupart du temps sans masque – pendant la 80e édition du rassemblement, du 7 au 16 août dernier. Elles ont aussi mis en évidence les régions d’origine des motards.

Une vague répandue dans tout le pays

En rapprochant ces données géographiques des chiffres officiels de cas de COVID-19 au cours du mois d’août, les chercheurs ont estimé la vague de contagions née à Sturgis et s’étant répandue dans tout le pays : 266 796 nouveaux cas, soit 19 % des 1,4 million de cas détectés aux États-Unis entre le 2 août et le 2 septembre, pour un coût économique de 12,2 milliards de dollars, sur la base d’une étude ayant chiffré chaque cas non mortel à 46 000 $.

Rien que dans le Dakota du Sud, le nombre de cas a bondi au cours de l’été, passant d’environ 100 nouveaux cas par jour au début d’août à 300 à la fin du mois, selon le COVID Tracking Project, mais le nombre de décès est resté très faible (un mort par jour en moyenne). L’étude a aussi permis de mettre en évidence que les régions desquelles provenaient le plus grand nombre de participants ont enregistré des augmentations des cas de COVID-19 de 7 % à 12,5 % durant la même période.

Cette analyse statistique ne peut qu’être une approximation, puisque personne n’a suivi et testé chaque motocycliste individuellement. En outre, elle n’a pas été publiée par une revue scientifique à comité de lecture, aucun scientifique indépendant n’a donc évalué la méthodologie. Enfin, le nombre de cas a également augmenté dans tout le Midwest au cours de l’été, pas seulement dans le Dakota du Sud.

N’empêche, les auteurs exposent dans leur étude de 67 pages que le Sturgis Motorcycle Rally réunissait tous les éléments pour devenir un évènement de super propagation : « l’évènement s’est prolongé, des individus étaient regroupés étroitement, une grande partie des participants – qui étaient plus nombreux que la population locale – provenaient de l’extérieur et les mesures sanitaires recommandées, comme le port du masque, étaient très peu respectées », énumèrent-ils dans leur rapport, mentionnant que le seul facteur atténuant était que l’évènement se déroulait à l’extérieur.

Durant une dizaine de jours, les participants prennent part ou assistent à des randonnées et des courses (drag, motocross et motocyclettes), des salons de la moto, des tournois de poker, des combats de boxe, des expositions, des concours, se promènent d’un kiosque à l’autre – allant de la vente de t-shirts à la réalisation de tatouages, en passant par le body painting – et assistent à des évènements musicaux.

Le Dakota du Sud est l’un des États les plus laxistes relativement à la pandémie. Il n’impose pas de limite de personnes pour les rassemblements, n’exige pas le port du masque, n’a imposé aucune restriction concernant les voyages et tous les bars et restaurants sont pleinement ouverts, y compris à l’intérieur. Bien que des autorités de santé publique aient recommandé que l’évènement soit annulé, les mesures restrictives imposées au Dakota du Sud en lien avec la pandémie étant quasi inexistantes, le rallye de moto a eu lieu comme prévu.

– Avec l’Agence France-Presse