(Washington) Donald Trump cherchait lundi la riposte après les révélations explosives du New York Times sur sa situation fiscale à la veille d’un débat face à Joe Biden qu’il doit remporter s’il espère rattraper son retard dans les sondages.

750 dollars : la modeste somme a marqué les esprits.

C’est, selon le quotidien, le montant d’impôt fédéral sur le revenu payé par Donald Trump en 2016, année où il a remporté l’élection présidentielle.

La primeur est de taille, car ses déclarations d’impôt sont au cœur d’une âpre bataille, Donald Trump ayant toujours farouchement refusé de les publier contrairement à tous ses prédécesseurs depuis les années 1970.

Mine renfrognée, il a offert dimanche soir, lors d’un point de presse particulièrement décousu, l’image d’un président frustré, inquiet à six semaines de l’élection.

S’il était battu, il deviendrait le premier président à ne pas être réélu depuis plus d’un quart de siècle (défaite de George H. W. Bush face à Bill Clinton en 1992).

Au-delà du débat sur l’optimisation fiscale, l’article, qui dresse le tableau d’un groupe immobilier lourdement endetté, écorne encore un peu plus l’image d’un homme d’affaires à succès.

Mettant en avant ses talents de négociateur et son « instinct » – il a toujours fait de son « succès » dans le monde des affaires un argument de campagne.  

« Sa situation financière est tendue, avec des pertes opérationnelles et des centaines de millions de dollars de dettes pour lesquelles il s’est porté personnellement garant », écrit le New York Times.

« J’ai très peu de dettes par rapport à la valeur de mes actifs », a répondu sur Twitter le président américain, tout en reportant une nouvelle fois à plus tard la publication de ses feuilles d’impôts.

Sondages stables, Biden en tête

S’il a dénoncé « des informations bidon », il s’est obstinément refusé à confirmer ou infirmer les chiffres désormais publics.

« Mon père a payé des dizaines de millions de dollars d’impôt », a avancé lundi matin son fils Donald Jr, sur Fox News, évoquant en particulier les impôts locaux.

Facteur inquiétant pour le président : la remarquable stabilité des sondages qui penchent tous en faveur de son adversaire démocrate.

Selon le dernier sondage Washington Post-ABC, l’ancien vice-président de Barack Obama a une avance de dix points au niveau national (53 % contre 43 %), quasiment identique à celle observée en août avant les conventions des deux partis.

Dans les États clés qui détermineront l’issue du scrutin du 3 novembre, l’écart est moins important, mais Joe Biden reste bien positionné, en particulier dans le Wisconsin, remporté en 2016 par le républicain.

Le président américain s’exprimera en début d’après-midi depuis les jardins de la Maison-Blanche sur l’épidémie de coronavirus, sujet sur lequel il est resté plutôt en retrait depuis que les États-Unis ont franchi la barre des 200 000 décès.

Le candidat démocrate n’a, lui, aucune apparition publique à son agenda.

Test antidopage

Mais à l’approche du débat de mardi soir, la stratégie de Donald Trump suscite des interrogations, tant son message est brouillé.

S’il ironise régulièrement – insultes à l’appui – sur l’état de santé physique et mental de son adversaire démocrate, il assure aussi que ce dernier est le favori du face-à-face à venir fort de ses 47 années d’expérience en politique.

Ce week-end, il a de nouveau formulé une étrange demande : un contrôle antidopage pour Joe Biden.

Ce dernier s’est refusé, en souriant, à tout commentaire dimanche. Mais son équipe a envoyé une réponse cinglante à cette demande.

« Si le président pense que la meilleure façon de présenter ses arguments c’est par l’urine, alors qu’il ne se gêne pas », a déclaré sa directrice de communication, Kate Bedingfield.

La stratégie n’a rien de nouveau et n’a, semble-t-il, rien à voir avec le comportement de son adversaire.

Il y a quatre ans, Donald Trump avait formulé exactement la même demande, face à Hillary Clinton.

Dans ce contexte tendu, le modérateur et journaliste de Fox News, Chris Wallace, espère « les faire débattre » et les tenir aux « questions-clés » pendant 90 minutes. « Mon travail est d’être aussi invisible que possible ».