(Oregon City) Des centaines de partisans du président Donald Trump se sont rassemblés lundi pour une grande parade automobile destinée à soutenir leur idole et la police près de Portland, où les militants anti-racistes se heurtent aux forces de l’ordre sans discontinuer depuis plus de cent jours.

Des petits groupes d’hommes bardés d’équipement paramilitaire, souvent des militants en armes de groupuscules d’extrême droite, étaient présents dans la foule, composée majoritairement de familles et de personnes âgées.

Quelque 300 véhicules, parmi lesquels de nombreux camionnettes, se sont ensuite élancés sur les routes autour d’Oregon City, à une cinquantaine de kilomètres de Portland, avant de se disperser.  

Mais 150 à 200 personnes emmenées par des membres de Proud Boys, une milice nationaliste prônant la supériorité de la race blanche, ont décidé de poursuivre leur route jusqu’à la capitale de l’Oregon, Salem, pour une démonstration de force sur les marches du capitole local.

La région de Portland a connu un regain de tension le 29 août lorsqu’Aaron Danielson, 39 ans, partisan d’un groupuscule nationaliste nommé Patriot Prayer, a été tué par balle dans la ville. Il venait de participer à un défilé automobile pro-Trump similaire à celui de lundi et avait quitté le cortège pour pénétrer dans Portland avec d’autres camarades.

Un homme de 48 ans suspecté de ce meurtre, qui se proclamait « antifasciste » sur les réseaux sociaux, a été abattu cinq jours plus tard par la police qui était à sa recherche. Michael Reinoehl aurait tenté de s’enfuir et empoigné une arme à feu lorsqu’il a été tué.

Lundi, jour férié aux États-Unis, les organisateurs du rassemblement avaient souligné que le parcours ne s’approcherait pas de Portland, par souci de « sécurité ».

« Ce qu’il faut dans le crâne »

Des centaines de drapeaux américains flottaient sur la parade, avec souvent des bannières appelant à réélire Donald Trump le 3 novembre, le figurant parfois sous les traits de Rambo empoignant une mitrailleuse.

« Trump a ce qu’il faut dans le crâne pour remettre en piste l’Amérique », assure Cassy Larson, comptable dans une petite ville de l’Oregon. « Il sait ce qu’il faut pour que le capitalisme génère de l’argent, et qu’on puisse réparer les bâtiments du centre de Portland qui sont détruits par les autres », assure-t-elle à l’AFP.

Elle fait référence aux manifestations déclenchées fin mai à Minneapolis par la mort de George Floyd, quadragénaire noir asphyxié sous le genou d’un policier blanc. Le drame a déclenché une vague de protestations dans tous les États-Unis.

Les manifestations ont été particulièrement vives à Portland (650 000 habitants), où les militants anti-fascistes se sont fréquemment affrontés avec la police.

Donald Trump dénonce régulièrement les troubles à Portland, assiégée selon lui par des « voyous » anarchistes et autres « terroristes de l’intérieur ».  

Si la contestation reste soutenue à Portland, où de nombreux commerces du centre-ville ont condamné leurs devantures, les dégâts sont toutefois restés minimes et la vie quotidienne se poursuit dans le calme, a constaté l’AFP.

Ce n’est pas l’avis de Carol Williams, retraitée et militante républicaine de longue date, qui juge que « le centre de Portland ressemble à un pays du Tiers-Monde avec tous ces graffitis, les incendies et les pillages ».

« Nous ne prônons pas la violence, même si on nous en accuse », insiste Mme Williams, qui habite la petite ville de Silverton, à 60 km au sud de Portland. « Nous sommes pacifiques, nous ne cherchons pas à nous venger », ajoute-t-elle, en référence à la mort d’Aaron Danielson.  

Art White, ancien combattant de la guerre du Vietnam, dit avoir fait le déplacement pour soutenir « (son) président Donald J. Trump à 1000 % ».

« Nous avons enfin un président qui défend nos droits » et les valeurs de l’Amérique, se réjouit ce petit septuagénaire moustachu, qui arbore fièrement un chapeau de cowboy.

« J’ai vu ce que les États socialo-communistes font à leur peuple, et ce n’est pas joli », lâche l’ancien du Vietnam, qui s’inquiète d’une « invasion des communistes aux États-Unis ces vingt dernières années ».

« Je défendrai mes droits constitutionnels avec ma vie s’il le faut », assure Art, se disant toutefois « triste d’être obligé de me battre dans son propre pays » pour en défendre les valeurs de liberté.