(Washington) L’ancien président Barack Obama s’est livré jeudi à une attaque en règle contre Donald Trump, condamnant l’envoi d’agents fédéraux contre des « manifestants pacifiques » et les tentatives de restreindre le droit de vote des Américains.

Sans jamais citer nommément son successeur, le premier président noir des États-Unis a prononcé un réquisitoire contre son action lors des funérailles, à Atlanta, de l’une des figures les plus respectées du combat pour les droits civiques, John Lewis.  

Malgré les progrès accomplis depuis les années 1960, marquées par la répression de militants comme John Lewis, « nous pouvons encore voir notre gouvernement fédéral envoyer des agents utiliser du gaz lacrymogène et des matraques contre des manifestants pacifiques », a-t-il déploré.

Donald Trump, qui espère décrocher un second mandat en se posant en garant de « la loi et de l’ordre », a dépêché à Portland, dans le nord-ouest des États-Unis, une centaine d’agents qui, vêtus de tenues paramilitaires, ont procédé à l’interpellation de dizaines de manifestants antiracistes accusés d’être des « émeutiers ».

« Alors que nous sommes assis ici, ceux au pouvoir font tout leur possible pour décourager les gens d’aller voter », a également regretté Barack Obama, en citant « la fermeture de bureaux de vote », « les lois restrictives » qui compliquent l’inscription « des minorités et des étudiants » et « l’affaiblissement des services postaux » qui acheminent les votes par correspondance.

« Peu d’élections ont été aussi importantes que celle-ci à de nombreux niveaux », a encore estimé l’ex-président démocrate qui fait ouvertement campagne depuis quelques semaines pour son ancien numéro 2 à la Maison-Blanche, Joe Biden.

Quelques heures plus tôt, le président Trump avait caressé dans un tweet provocateur l’idée d’un report du scrutin, même si cette décision n’est pas de son ressort.

« Outil le plus puissant »

Le milliardaire républicain, en difficulté dans les sondages, assure depuis des semaines que l’extension du vote par correspondance, souhaitée par plusieurs États pour limiter les risques de propagation du nouveau coronavirus, risque d’occasionner des fraudes et de fausser le résultat du scrutin.  

Dans ce contexte, ne faudrait-il pas « reporter l’élection jusqu’à ce que les gens puissent voter normalement, en toute sécurité ? ? ? », a-t-il écrit.

Plusieurs États autorisent ce système de vote depuis des années et aucune étude sérieuse n’a à ce jour fait état de problèmes majeurs.

« Les votes par courrier seront cruciaux dans ce scrutin », a pour sa part estimé Barack Obama, dans l’église baptiste Ebenezer où Martin Luther King a prêché de 1960 jusqu’à son assassinat en 1968.

« Comme John » Lewis, qui fut l’un des compagnons de route du pasteur, « il va falloir que nous nous battions encore plus pour défendre l’outil le plus puissant dont nous disposions : le droit de vote », a-t-il encore lancé, sous les applaudissements.

Avant lui, deux autres anciens présidents ont rendu hommage à ce militant infatigable et parlementaire démocrate, décédé le 17 juillet des suites d’un cancer à l’âge de 80 ans.

« Il croyait en l’humanité et il croyait en l’Amérique », a souligné le républicain George W. Bush. « Il s’est bien battu » et nous a donné « ses instructions pour la suite : continuez à bouger », a ajouté le démocrate Bill Clinton.

L’ancien président Jimmy Carter, dans l’incapacité de faire le déplacement à 95 ans, a transmis ses remarques par courrier.

Donald Trump, dont John Lewis avait boycotté la cérémonie d’investiture, avait lui fait savoir qu’il n’irait même pas saluer son cercueil, exposé lundi et mardi à Washington.