(Portland) La police de Portland a commencé jeudi à faire évacuer les abords d’un tribunal de la ville pour préparer le retrait des agents fédéraux dépêchés par le gouvernement de Donald Trump et dont la présence fait polémique.

Des agents de la police de Portland ont demandé à tous les habitants de quitter des parcs et des rues du centre-ville, bordant le tribunal fédéral, sous peine d’arrestation, avant de boucler le périmètre, a constaté un journaliste de l’AFP.

Seule une cinquantaine de manifestants étaient présents à la mi-journée, contrairement aux quelques milliers qui défilent toutes les nuits depuis l’arrivée à Portland de policiers fédéraux.

« On ne laissera pas la police nous stopper », criaient notamment ces manifestants.

« Nous voulons le changement, nous voulons que ça bouge », a déclaré à l’AFP Emily, artiste de 35 ans, assurant que le retrait des agents fédéraux tant décriés n’allait pas diminuer la détermination de ceux qui manifestent depuis des semaines contre les discriminations raciales et les brutalités policières.

« Ils remplacent juste les fédéraux par la police », estime Emily, qui s’attend aux mêmes heurts avec les forces de l’ordre que les nuits précédentes.

Le maire démocrate de Portland, Ted Wheeler, a affirmé que l’évacuation des abords du tribunal s’inscrivait dans le cadre de l’accord annoncé la veille entre les autorités locales et le gouvernement pour le retrait des agents fédéraux.

La mort de George Floyd, quadragénaire noir asphyxié le 25 mai à Minneapolis par un policier blanc, a déclenché dans tous les États-Unis d’énormes manifestations antiracistes. La mobilisation s’est considérablement affaiblie, mais des poches de contestation ont persisté, notamment à Portland, nettement marquée à gauche.

Le déploiement par le gouvernement d’agents fédéraux, parfois issus des douanes ou de la police aux frontières et arborant toute une panoplie militaire, a eu pour effet de durcir le mouvement dans cette ville à la longue histoire contestataire.

« Aujourd’hui, les troupes fédérales se préparent à quitter le centre de Portland. Nous allons protéger la libre expression et le droit de manifester pacifiquement », s’est réjouie sur Twitter la gouverneure démocrate de l’Oregon, Kate Brown, accusant le président Donald Trump d’avoir monté un coup « politique » en les envoyant.

L’accord prévoit que la police locale assurera le maintien de l’ordre à l’extérieur du tribunal, à charge pour quelques agents fédéraux dont c’est la mission habituelle de sécuriser les bâtiments eux-mêmes.