(Washington) Empêtré dans sa gestion critiquée de la pandémie, Donald Trump a invoqué dimanche une « majorité silencieuse » pour afficher sa confiance à 100 jours de l’élection présidentielle du 3 novembre, malgré de nouveaux sondages qui le donnent distancé par Joe Biden dans plusieurs États-clés.

« La campagne Trump a plus d’enthousiasme, de l’avis de plusieurs observateurs, que toute autre campagne dans l’histoire de notre grand pays, même plus qu’en 2016 », a assuré sur Twitter le milliardaire républicain pour recréer l’élan qui avait conduit à sa victoire surprise il y a quatre ans.

« Biden n’en a aucun ! La majorité silencieuse parlera le 3 novembre », a ajouté le président âgé de 74 ans, promettant de faire mentir les sondages qui lui attribuent un retard important, au niveau national – de huit points en moyenne – comme dans plusieurs des États qui font et défont les destins présidentiels.

Dimanche, de nouvelles études publiées par les chaînes NBC et CNN donnent le candidat démocrate Joe Biden en tête dans trois États remportés par Donald Trump en 2016 : Arizona, Floride et Michigan.

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Des partisans de Donald Trump ont manifesté dimanche devant son club de golf de Bedminster, au New Jersey.

Le président-candidat avait tenté, à la faveur d’une accalmie du nouveau coronavirus vers la fin du printemps, de renouer avec les réunions publiques pour galvaniser sa base.

Il a donc longtemps minimisé le regain de la pandémie, alors que le nombre de nouvelles contaminations quotidiennes explosait, surtout dans le sud et l’ouest des États-Unis, pays le plus endeuillé au monde avec 146 500 morts.

Volte-face ces derniers jours : le ton grave, Donald Trump a reconnu que la situation allait « empirer avant de s’améliorer ».

« Frustrés par les divisions »

Il a fini par préconiser clairement le port du masque – ce à quoi il s’était jusque-là refusé, contrairement à Joe Biden, qui depuis des mois ne s’affiche en public qu’avec cette protection.

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Joe Biden

Et il a annulé la grande convention républicaine ouverte au public, prévue fin août en Floride, un des États les plus touchés par l’actuelle flambée épidémique.  

Son adversaire démocrate avait acté dès juin que sa propre grand-messe, du 17 au 20 août à Milwaukee dans le Wisconsin, serait essentiellement virtuelle.

Mais tout en voulant désormais « donner l’exemple » dans la lutte contre la COVID-19, la Maison-Blanche tente de relativiser son impact économique.

« Je ne nie pas que certains de ces États » où le virus a repris de plus belle « modèrent la reprise », a dit dimanche le conseiller économique de la présidence, Larry Kudlow, sur la chaîne CNN.  

« Mais dans l’ensemble, l’image est très positive », a-t-il ajouté, prédisant un redémarrage en fanfare de l’économie américaine aux troisième et quatrième trimestres.

Cette gestion a semé le trouble jusque chez certains membres du parti présidentiel.

Le gouverneur républicain du Maryland Larry Hogan s’est abstenu dimanche de soutenir Donald Trump.

« Beaucoup de gens comme moi sont frustrés par les divisions et les dysfonctionnements des deux côtés, et n’ont pas le sentiment que nous ayons un grand choix », a-t-il déploré sur CNN.

En face, Joe Biden, 77 ans, connu pour ses nombreuses gaffes, ne se déplace que précautionneusement en raison de l’épidémie. Et, bien qu’il ait récemment décliné plusieurs volets de son programme, reste plus discret que le tempétueux président, qui l’accuse en retour de ne pas « être vif d’esprit », de ne pas sortir de son « sous-sol » et d’être une « marionnette » de la « gauche radicale ».

« Maintenant, plus que jamais, nous devons tout faire pour que Donald Trump soit le président d’un seul mandat », a insisté dimanche sur Twitter le candidat démocrate, pour mobiliser ses sympathisants à 100 jours du scrutin.

L’ancien vice-président de Barack Obama doit dévoiler début août le nom de la femme qui se présentera à ses côtés.

L’une des possibles candidates pour la vice-présidence, l’élue noire de Californie Karen Bass, a défendu, également sur CNN, la capacité du démocrate à attirer l’électorat afro-américain dans le sillage de la vague de colère historique provoquée par la mort de George Floyd, étouffé sous le genou d’un policier blanc en mai.

« J’ai confiance dans ce que ferait Joe Biden » en matière de réformes de la police et de la justice pénale, a-t-elle dit, alors que Donald Trump campe sur une posture en défense de « la loi et de l’ordre » au moment où les heurts entre manifestants et forces de l’ordre semblent se durcir dans plusieurs villes américaines..