(Washington) Donald Trump a ordonné mardi de ne pas comptabiliser les étrangers en situation irrégulière pour établir la représentativité des différents États au Congrès américain, relançant son offensive contre l’immigration clandestine et le débat sensible sur la citoyenneté.

Le recensement américain, réalisé tous les dix ans, comptabilise toute la population présente sur le territoire, dont les sans-abris, les résidents de maisons de retraite, les travailleurs immigrés sans papiers ou ceux vivant dans des autocaravanes ou sans adresse postale.

M. Trump a affirmé dans un communiqué qu’il refusait de « donner une représentation parlementaire à des étrangers qui entrent ou restent dans ce pays illégalement, parce que cela créerait des incitations perverses et saperait notre système de gouvernement ».

« Comme nous ne donnons pas de pouvoir politique aux gens qui sont ici temporairement, nous ne devrions pas (en) donner à des gens qui ne devraient pas être ici », a-t-il assuré.

Les opérations de recensement, un exercice titanesque dans un vaste pays de 327 millions d’habitants, conditionnent notamment l’octroi de 675 milliards de dollars de subventions fédérales et déterminent le nombre de sièges alloués à chaque État à la Chambre des représentants, en fonction de sa population.

Le milliardaire républicain, qui a fait de la lutte contre l’immigration clandestine un marqueur de sa présidence, a accusé la « gauche radicale » de vouloir effacer le concept de nationalité et « cacher le nombre d’étrangers illégaux dans notre pays ».

Il avait déjà tenté sans succès d’ajouter une question sur la nationalité dans le questionnaire du recensement.

Le sujet galvanise également la base électorale du président, qui briguera un nouveau mandat en novembre.

« Politique anti-immigrés »

La puissante organisation de défense des droits civiques ACLU a qualifié la décision de mardi de « contraire à la Constitution » et a promis de saisir la justice.

La procureure générale de New York Letitia James a annoncé un recours prochain contre la décision du président.

« Personne ne cesse d’être une personne parce qu’elle n’a pas de papiers. Selon la loi, quiconque résidant aux États-Unis pendant le recensement, quel que soit son statut, doit être comptabilisé ».

Elle a fustigé « la politique anti-immigrés » du gouvernement, qui veut selon elle « faire basculer l’équilibre du pouvoir dans le pays ».

La cheffe des démocrates au Congrès, Nancy Pelosi, a accusé M. Trump de vouloir « instiller une nouvelle fois la peur et la méfiance au sein de communautés vulnérables et traditionnellement sous-comptabilisées ».

La Cour suprême avait jugé illégale l’année dernière la décision du gouvernement de demander la nationalité des participants au recensement, une question qui n’était plus posée depuis plus de 60 ans.

Cela aurait pu pousser entre 1,6 et 6,5 millions d’immigrés à s’abstenir ou à mentir sur le questionnaire par peur, notamment chez les sans-papiers, d’être repérés, selon le bureau du recensement.

Entre 10 et 11 millions de personnes résidaient illégalement aux États-Unis en 2017, selon une estimation du centre de recherche américain Pew.