(Tulsa) Donald Trump a annoncé vendredi que le maire républicain de Tulsa avait annulé le couvre-feu décrété plus tôt par crainte de débordements en marge de son premier rassemblement de campagne, prévu en pleine pandémie de coronavirus samedi dans cette ville de l’Oklahoma.

« Je viens de parler au maire très respecté de Tulsa, G. T. Bynum, qui m’a informé qu’il n’y aurait pas de couvre-feu ce soir ou demain pour nos nombreux supporteurs participant au rassemblement #MAGA », acronyme de son slogan « Rendre à l’Amérique sa grandeur », a tweeté le président américain qui briguera sa réélection le 3 novembre.  

« Amusez-vous bien », a-t-il ajouté.

Le maire a confirmé avoir levé le couvre-feu. « On nous a dit aujourd’hui que le couvre-feu n’était plus nécessaire, je l’ai donc annulé », a-t-il dit dans un communiqué.

Le couvre-feu, ne concernant que la zone dans laquelle M. Trump doit faire son discours samedi soir, avait débuté jeudi soir à 22 h heures locales et devait durer jusqu’à dimanche matin, avec une interruption durant la tenue du rassemblement.

Pour justifier la décision de l’imposer, G. T. Bynum avait souligné avoir reçu des informations selon lesquelles « des individus appartenant à des groupes organisés ayant été impliqués dans une attitude violente et destructive dans d’autres États prévoyaient de venir pour causer des troubles dans et autour du rassemblement ».

Le président Trump avait lui-même menacé sur Twitter les « manifestants, anarchistes, agitateurs, pillards et les voyous qui vont dans l’Oklahoma ».

« Comprenez que vous ne serez pas traités comme vous l’avez été à New York, Seattle, ou Minneapolis. Ce sera très différent ! », a-t-il écrit, en référence à des manifestations récentes parfois émaillées de violences.

Les rues entourant le périmètre du rassemblement avaient été barrées à la circulation par des blocs de béton vendredi matin. Et plusieurs dizaines de partisans acharnés de Donald Trump qui faisaient la queue depuis des jours pour être aux premières loges avaient dû plier auvents et tentes, et se déplacer en zone autorisée.

Arborant casquettes « Trump 2020 », drapeaux américains ou signes frappés du portrait de leur idole, ils patientaient sous la pluie, à proximité de grilles de fer installées en travers d’une rue menant à la salle omnisports BOK Center.

Pas de masque

Stephen Corley, 19 ans, se dit plus soucieux des manifestations de « gauchistes extrémistes » et autres « émeutiers » du mouvement « Black Lives Matter » que de la COVID-19.

Comme la quasi-totalité des personnes qui attendent le meeting, il s’abstient de porter un masque.

PHOTO SETH HERALD, AGENCE FRANCE-PRESSE

Il en portera toutefois un lors du rassemblement si on lui en fournit un « et que c’est obligatoire ». « Je ne vais pas laisser passer la chance de ma vie […] de voir Trump en refusant de porter un masque », explique-t-il.

Plus de 100 000 personnes sont attendues entre vendredi et samedi à Tulsa, qui commémore également le 155e anniversaire de l’émancipation des derniers esclaves aux États-Unis, en 1865.

M. Trump avait initialement choisi la journée de vendredi, le 19 juin ou « Juneteenth » en anglais, date symbolique choisie pour commémorer la fin de l’esclavage, pour ce rassemblement mais il l’a reporté au lendemain après une pluie de critiques.

La ville de Tulsa est en outre marquée par le souvenir d’une des pires émeutes raciales de l’histoire, où jusqu’à 300 Afro-Américains ont été massacrés par une foule blanche, en 1921.

Tammy Willard, coiffeuse à Wichita (Arkansas), s’étonne que des voix s’élèvent encore contre la venue du président.

« Il a déplacé la date par respect pour eux et ils ne sont pas reconnaissants. Comment ça se fait qu’ils ne se soient pas plaints des manifestations, des émeutes et des obsèques de George Floyd, et qu’ils se plaignent de ça ? », dit cette femme handicapée de 52 ans, qui campe en famille depuis mercredi.