(Washington) L’armée américaine envisage de renommer des bases américaines honorant des généraux confédérés, alors que les manifestations contre les violences policières aux États-Unis ont relancé le débat sur le passé esclavagiste du pays.

« Le ministre de la Défense et le secrétaire à l’armée de Terre sont ouverts à une discussion sur le sujet », a indiqué mardi à l’AFP une porte-parole de l’armée, le colonel Sunset Belinsky.

Plusieurs monuments confédérés ont été déboulonnés depuis la mort de George Floyd, un Américain noir tué lors de son arrestation par un policier blanc à Minneapolis le 25 mai, et le débat sur les disparités raciales a gagné les rangs de l’armée américaine, une des institutions du pays où les minorités sont les plus représentées.

Or dix bases de l’armée de terre, toutes situées dans le sud du pays, portent le nom d’anciens militaires sudistes de la guerre de Sécession (1861-1865), notamment la plus grande base du pays, Fort Bragg, en Caroline du Nord. Elle porte le nom d’un ancien général de l’armée sécessionniste, Braxton Bragg, qui est surtout connu pour avoir perdu la grande bataille de Chattanooga en 1863.

Une base de Géorgie honore Henry L. Benning, un général esclavagiste convaincu, qui avait plaidé pour la création d’une « Slavocratie sudiste ». Il existe aussi un Fort Lee, du nom du commandant en chef de l’armée sudiste Robert Lee, à une trentaine de km de Richmond, capitale des États confédérés pendant la guerre.

PHOTO STEVE HELBER, AP

La statue du général confédéré Robert E. Lee a été vandalisée lors des derniers jours, à Richmond, en Virginie

Dans une tribune publiée mardi par le magazine The Atlantic, l’ex-directeur de la CIA David Petraeus, un des anciens militaires les plus respectés du pays, a estimé qu’il était « temps de retirer les noms de traîtres de nos bases militaires les plus importantes », rappelant que les généraux sudistes avaient fait défection de l’armée américaine avant de prendre les armes contre le Nord.

« L’armée américaine a souvent été innovatrice, notamment en termes d’intégration raciale », a ajouté M. Petraeus, ancien général de l’armée de Terre. « Nous ne vivons pas dans un pays où Braxton Bragg, Henry Benning ou Robert Lee peuvent être sources d’inspiration. Il est impératif de le reconnaître ».

Le Pentagone avait déjà envisagé de renommer ces bases en 2015, après la fusillade de Charleston, en Caroline du Sud, où un jeune suprémaciste blanc avait tué neuf fidèles noirs dans une église.

L’armée de Terre avait finalement choisi de conserver les noms actuels. « Chaque base porte le nom d’un soldat qui a sa place dans notre histoire militaire. Ces noms représentent des individus, non des causes ou des idéologies », avait alors expliqué un porte-parole, le général Malcolm Frost.