(Washington) Se faufilant dans la foule de manifestants furieux à la suite de la mort de George Floyd, quelques personnes offrent de l’aide médicale et du soutien aux policiers et aux manifestants.

Morris Crawford, un ancien assistant médical de combat dans l’armée américaine, se promenait dans les rues autour de la Maison-Blanche avec un sac à dos rempli d’équipement médical mardi.

« Je suis ici pour manifester, mais aussi pour aider les personnes blessées », a dit M. Crawford, ayant de la difficulté à se faire entendre en raison de son masque à gaz et du bruit provoqué par les manifestants criant en direction des policiers.

Pendant la soirée, les policiers répliquent aux manifestants, avançant leur formation de manière menaçante, ce qui agite encore plus certaines personnes. Mardi soir, il n’y a pas eu d’éclats de violence.

« Mon objectif est d’intervenir si je vois un blessé, a expliqué M. Crawford. Je me fous d’où ils sont dans la foule, si c’est un policier ou non. Si quelqu’un est blessé, je vais l’aider. »

Un autre duo de bons samaritains tirait un chariot avec de l’eau, des collations et des bouteilles de lait (pour soulager les personnes du poivre de cayenne) et encourageait les manifestants à prendre ce dont ils avaient besoin.

D’autres se promenaient dans la foule en offrant du désinfectant sanitaire — un rappel de la menace de la COVID-19 pendant la crise sociale la plus importante depuis le mouvement des droits civiques dans les années 1960.

Une femme offrait aussi d’écrire un numéro de téléphone au marqueur sur l’avant-bras des manifestants, si jamais ils se retrouvent derrière les barreaux et qu’ils ont besoin d’aide.

« Qui a besoin d’un numéro pour sortir de prison, criait-elle. Si vous avez peur, rentrez chez vous. »

Des manifestants ont envahi les rues des villes américaines depuis la mort de George Floyd le 25 mai à Minneapolis. Cet homme noir est mort après avoir passé les huit dernières minutes de sa vie avec le genou du policier Derek Chauvin contre son cou et la séquence a été enregistrée sur téléphone cellulaire.

Derek Chauvin avait été accusé de meurtre au troisième degré et d’homicide involontaire. Le procureur général du Minnesota, Keith Ellison, a renforcé mercredi les accusations contre Derek Chauvin et porté des accusations contre les autres policiers Thomas Lane, J. Kueng et Tou Thao pour avoir aidé et encouragé un meurtre.

Comme les autres anges gardiens, M. Crawford a voulu dénoncer la mort de George Floyd en participant aux manifestations, ce qu’il a fait à trois reprises. Il a aussi une raison bien personnelle, lui qui a été la cible d’une confrontation avec des policiers de Washington il y a quatre ans en raison de la couleur de sa peau, bien qu’il s’agissait finalement d’un cas d’erreur sur l’identité.

« Un policier a pointé son fusil vers ma tête. Il pensait que j’étais le gars qu’il pourchassait — ce n’était même pas près d’être le cas », a-t-il raconté.

« Je me suis retrouvé étendu au sol jusqu’à ce qu’ils terminent de vérifier mes informations et ils m’ont finalement indiqué que je m’étais retrouvé au mauvais endroit au mauvais moment et que j’avais intérêt à partir de là. »

M. Crawford souhaite que les manifestations mènent à une réforme du système des autorités policières — des comités tierces pour enquêter les cas d’abus liés à la race, des programmes d’éducation pour aider les agents à comprendre la nature néfaste du profilage racial et des mécanismes pour s’assurer que les départements font un meilleur travail pour discipliner les membres de leur personnel.

Le président Donald Trump a promis d’être sévère avec les manifestants qui provoquent des incendies et font du vandalisme. Il y a eu très peu d’incidents du genre mardi, en partie en raison de la clôture entourant maintenant le jardin Lafayette Square et des manifestants dénonçant les agitateurs.

« La foule est plutôt bonne pour éviter les débordements en pointant du doigt les agitateurs et en évitant une escalade de violence quand des gestes sont posés », a noté M. Crawford.

« Je fais partie de ceux qui disent que nous agissons de manière pacifique et que nous devons continuer de cette manière. Dès qu’il y a escalade, le message se perd dans le bruit. »