(Washington) Les États-Unis disposent de « preuves significatives » que le nouveau coronavirus s’est propagé depuis un laboratoire de Wuhan, en Chine, mais n’ont « pas de certitude », a déclaré mercredi le chef de la diplomatie américaine Mike Pompeo.

Interrogé lors d’une conférence de presse à Washington sur les propos de différents hauts responsables américains, qui divergent sur ce sujet-clé, le secrétaire d’État a assuré qu’il n’y avait aucune incohérence : « Nous n’avons pas de certitude, et il y a des preuves significatives que cela vient du laboratoire, ces déclarations sont toutes les deux vraies ».

« J’ai tenu ces deux types de propos, ainsi que des membres de l’administration. Ils sont tous vrais », a-t-il insisté, visiblement agacé d’être confronté à ces versions divergentes.

« Nous cherchons tous la bonne réponse », « c’est totalement normal, les gens étudient les données et aboutissent à des degrés de certitude différents », a-t-il justifié.

L’administration de Donald Trump, qui accuse Pékin d’avoir dissimulé l’ampleur de la maladie lorsqu’elle a fait son apparition fin 2019 à Wuhan, a porté de plus en plus ses soupçons sur un éventuel accident de laboratoire à l’Institut de virologie de cette ville qui aurait permis à un coronavirus d’origine naturelle de contaminer des humains.

Mais elle a multiplié les déclarations contradictoires depuis une semaine.

Jeudi dernier, le président Trump avait affirmé avoir des éléments permettant de croire que l’épidémie venait bien du laboratoire, alors qu’au même moment, Mike Pompeo assurait ne pas savoir si c’était le cas.

« Ceux qui ont perpétré cela »

Dimanche, le secrétaire d’État a finalement déclaré qu’il existait « des preuves immenses que c’est de là que c’est parti », sans toutefois les présenter publiquement.

De son côté, le renseignement américain a rapporté ne pas avoir pu établir à ce stade si la pandémie était « le résultat d’un accident de laboratoire à Wuhan ». Et l’épidémiologiste qui conseille la Maison-Blanche, le Dr Anthony Fauci, a clairement estimé que le virus avait « évolué dans la nature » pour ensuite franchir « les barrières des espèces ».

Sans entrer davantage dans le détail et sans fournir ses « preuves », Mike Pompeo a préféré pointer une nouvelle fois mercredi la responsabilité de la Chine.

« Les Américains sont toujours en danger car nous ne savons pas », « nous n’avons pas de certitude sur l’origine, qu’il s’agisse du laboratoire ou d’un autre endroit », a-t-il expliqué. « Il y a une manière simple de trouver la réponse : transparence et ouverture », a-t-il plaidé, assurant que Washington était prêt à fournir son « assistance technique » à Pékin si nécessaire.

Le ministre des Affaires étrangères, dont la télévision publique chinoise a dénoncé les accusations « démentes », a martelé que les États-Unis et le reste du monde devaient avoir accès au laboratoire incriminé.

Il a aussi appelé l’Organisation mondiale de la santé, accusée de biais pro-chinois par l’administration Trump, à réclamer une enquête en bonne et due forme sur l’origine et la gestion chinoise du virus.

En première ligne pour critiquer Pékin, il a enfin invoqué la présence de la Chine pour justifier l’absence des États-Unis à un téléthon mondial organisé lundi par la Commission européenne, qui a permis de lever 7,4 milliards d’euros pour la recherche d’un vaccin.

« La Chine était là. Donc ceux qui ont perpétré cela – puisque cela a débuté à Wuhan, en Chine – étaient là, et nous regrettons qu’il n’y ait pas eu d’appel à la transparence à leur égard », a dit Mike Pompeo.