(Washington) Le chef de la Commission du Sénat américain sur le renseignement, le républicain Richard Burr, a vendu des actions et averti des donateurs d’une catastrophe imminente dès février, alors même que la Maison-Blanche minimisait la menace du coronavirus, ont rapporté jeudi des médias américains.

Le sénateur Burr reçoit presque quotidiennement des briefings émanant de la communauté de renseignement sur les menaces à l’adresse du pays.

Il a écrit lui-même sur le site internet de Fox News le 17 février que le gouvernement américain était « mieux préparé que jamais » pour parer à la COVID-19, assurant aux Américains qu’ils étaient bien protégés.

Et alors que le président Donald Trump répétait au loisir que le virus n’allait pas durement frapper les États-Unis, le 13 février, le sénateur Burr et son épouse ont soudainement vendu entre au moins 582 000 dollars et jusqu’à 1,6 million de dollars en actions en bourse, selon l’organisation média ProPublica, qui cite des sources financières.

Deux semaines plus tard, Donald Trump rassurait la nation en affirmant que les 15 cas de coronavirus enregistrés pourraient représenter le maximum dans son pays. Mais selon la National Public Radio (NPR), le sénateur de Caroline du Nord confiait le même jour, lors d’une réunion privée de riches donateurs, que le coronavirus était une menace équivalente à la grippe espagnole de 1918, qui a tué des dizaines de millions de personnes.

NPR a obtenu un enregistrement dans lequel le sénateur Burr déclare aux donateurs, 15 jours avant que Donald Trump ne choque ses compatriotes en bannissant les entrées depuis l’Europe : « Je peux vous dire une chose là-dessus. C’est bien plus agressif dans la façon de se transmettre que ce que nous avons vu dans l’histoire récente ».

« Ça ressemble probablement à la pandémie de 1918 », avertissait-il.

En tant que chef de la Commission du Sénat sur le renseignement, Richard Burr, reçoit à peu de choses près les mêmes renseignements quotidiens que la Maison-Blanche concernant les menaces contre le pays.  

Le 26 février, la veille d’une rencontre entre le sénateur Burr et les donateurs, Donald Trump rassurait les Américains : « Nous allons d’une manière substantielle vers le bas, pas vers le haut », concernant le nombre de contaminations.

Le lendemain il martelait : « Il va disparaître. Un jour, comme par miracle, il va disparaître ».

Les informations concernant le sénateur Burr nourrissent les accusations selon lesquelles le président Trump, au courant de la gravité de la crise sanitaire, a reporté l’adoption de décisions qui auraient pu faire diminuer le nombre de contaminations.

Les États-Unis comptent à ce jour 14 000 cas et 205 morts, selon un bilan de la Johns Hopkins University.

Le sénateur Burr a, pour sa part, accusé NPR d’avoir « interprété de manière irresponsable » son discours devant les donateurs.