(Washington) Le doute persistait vendredi soir sur un accord entre républicains et démocrates qui, à couteaux tirés en pleine campagne présidentielle, discutaient sur les mesures à adopter pour endiguer l’impact du coronavirus sur l’économie américaine et les nombreux Américains au statut précaire.

« Nous sommes fiers d’être parvenus à un accord avec l’administration visant à résoudre des défis majeurs, et de voter bientôt » sur ce projet de loi à la Chambre des représentants, a écrit la présidente démocrate de la Chambre des représentants Nancy Pelosi à son groupe parlementaire.

Mais selon la chaîne Fox Business, aucun accord n’avait encore été trouvé, « malgré les propos de Nancy Pelosi ».

Selon Nancy Pelosi, le texte prévoit « le dépistage gratuit pour toute personne ayant besoin d’être testée, y compris celles qui n’ont pas d’assurance », ainsi qu’un arrêt maladie d’« urgence », avec « deux semaines de congés et jusqu’à trois mois d’arrêt pour raison familiale ou médicale ».  

Les États-Unis n’ont pas de système de couverture universelle pour la santé et des millions d’Américains ne sont pas – ou mal – assurés, tandis que les congés maladie payés ne sont accessibles qu’à une minorité d’employés, beaucoup étant payés à l’heure.

Cela rend la société américaine plus vulnérable à l’épidémie, beaucoup de personnes n’étant pas en mesure d’arrêter de travailler pour rester confinées chez elles.

La proposition de loi prévoit également un accès plus aisé à l’assurance chômage, ainsi qu’aux bons alimentaires, notamment pour les enfants privés d’école pour éviter la propagation, et débloque des fonds fédéraux afin de financer le programme « Medicaid », couvrant la santé des Américains aux revenus les plus modestes.  

Après son passage à la Chambre des représentants, le texte devra être approuvé au Sénat, qui n’a pas prévu d’être en séance avant lundi après-midi, puis être signé par Donald Trump pour entrer en vigueur.

Ce plan de soutien à l’économie avait été annoncé lundi en grande pompe par Donald Trump, qui avait fait de l’économie l’un de ses principaux arguments de campagne. Il avait ensuite fait l’objet d’âpres discussions avec les démocrates.

État d’urgence

PHOTO JONATHAN ERNST, REUTERS

Le président américain Donald Trump lors de la conférence de presse de vendredi après-midi.

Le président a déclaré vendredi l’état d’urgence, lors d’une conférence de presse dans les jardins de la Maison-Blanche, annonçant « une forte hausse » des capacités à tester le virus aux États-Unis, dans le cadre d’un « nouveau partenariat avec le secteur privé ».

Il a également promis une aide fédérale pour les prêts étudiants, qui représentent une lourde charge pour les travailleurs américains dans leurs premières années de carrière.

Par ailleurs, les réserves stratégiques de pétrole des États-Unis vont être portées à leur maximum. Le président a dit avoir « demandé au secrétaire à l’Énergie d’acheter à très bon prix de grandes quantités de pétrole brut pour le stockage aux États-Unis ».

Vendredi matin, le secrétaire américain au Trésor Steven Mnuchin avait assuré que l’administration entendait venir en aide en priorité aux petites et moyennes entreprises qui sont les plus vulnérables en raison du ralentissement très fort de l’activité.  

Les compagnies aériennes, durement affectées en raison des interdictions de vol, seront également aidées : « Nous injecterons de l’argent ».

Donald Trump a interdit aux voyageurs européens d’entrer sur le territoire américain pendant 30 jours à partir de l’espace Schengen. Et la Grande-Bretagne, jusque là épargnée par l’interdiction, pourrait allonger la liste des pays concernés, a dit Donald Trump.

Le président a indiqué vouloir également aider les croisiéristes, mais a annoncé la suspension des croisières vers l’étranger pour 30 jours.

Steven Mnuchin avait néanmoins tenté de rassurer, affirmant que le coronavirus posait un problème économique de « court terme », alors que la situation est cette fois très différente de « la crise financière (de 2008, NDLR), dont on ne savait pas quand elle finirait ».

« Mais nous surmonterons cela et l’économie sera alors plus forte que jamais », avait-il anticipé, « l’économie et les marchés seront plus forts, plus tard dans l’année ».