(Cambridge, Washington) La sénatrice Elizabeth Warren a quitté jeudi la course à la Maison-Blanche après plusieurs défaites cuisantes aux primaires démocrates, laissant place au grand duel entre Bernie Sanders – son ami de « longue date » – et Joe Biden.

En annonçant son abandon devant sa maison du Massachusetts avec son mari et son chien Bailey, comme lors de l’officialisation de sa candidature fin 2018, elle a dit n’être pas prête à indiquer « aujourd’hui » si elle apportait son soutien à l’un des deux hommes encore en lice.

Un peu plus tard, sur la chaîne MSNBC, elle a néanmoins confié que Bernie Sanders était un vieil ami avec lequel elle travaille depuis « très, très longtemps ». Ils partagent en effet beaucoup d’idées marquées très à gauche.

Concernant l’ancien vice-président modéré Joe Biden, qui a récupéré ces derniers jours sa position de favori pour l’investiture démocrate, la sénatrice a souligné sur MSNBC qu’ils abordaient de nombreux sujets avec « différentes directions ».

Le soutien de cette ancienne professeure de droit, pourfendeuse de Wall Street et qui dispose d’un bon réseau de bénévoles très motivés, est désormais très courtisé.

Bernie Sanders, sénateur du Vermont se revendiquant « socialiste », a applaudi la « campagne extraordinaire des idées » menée par sa collègue au Congrès des États-Unis, notamment sur l’écologie, la dette étudiante, la couverture médicale universelle et la protection du droit des femmes.

« Sans elle, le mouvement progressiste ne serait certainement pas aussi puissant qu’il l’est aujourd’hui », a-t-il tweeté.

« La sénatrice Elizabeth Warren est la combattante la plus farouche pour les familles de la classe moyenne », a tweeté Joe Biden après l’annonce de son retrait. « Nous avions besoin de sa voix dans cette course ».

Elizabeth Warren, 70 ans, s’était hissée au sommet des sondages à l’automne avant de retomber. Elle n’a pas gagné une seule de la vingtaine de primaires organisées à ce jour, essuyant même des défaites particulièrement humiliantes dans le Massachusetts qu’elle représente au Sénat et dans l’Oklahoma où elle a grandi.

Manque d’« espace »

De nombreuses personnes lui rendaient hommage jeudi sur Twitter avec le mot-dièse « ThankYouElizabeth » (#MerciElizabeth).

« Je continuerai à me battre pour ceux qui travaillent dur à travers le pays et qui se sont sans cesse retrouvés perdants », a insisté jeudi celle qui avait été la première des grands candidats à entrer dans la course à la Maison-Blanche, dès décembre 2018.  

« Rêvons en grand, battons-nous fort, à nous de gagner ! » : la foule, d’abord quelques centaines, puis des milliers, reprenait en cœur son cri de ralliement à travers les États-Unis.

Combative, elle se targuait d’avoir « un projet » pour toutes les grandes questions et espérait pouvoir rassembler les ailes gauche et plus centriste du parti. Elle a regretté jeudi ne pas être parvenue à trouver « l’espace » pour faire campagne entre ces deux tendances.

Ancienne électrice républicaine, née de parents modestes, Elizabeth Warren a été visée sans relâche par les piques de républicains – président Donald Trump en tête – sur ses origines amérindiennes longtemps revendiquées, mais qui se sont révélées être en fait très diluées.

Le milliardaire républicain a d’ailleurs commenté rapidement son abandon en employant de nouveau l’un des sobriquets qu’il aime à distribuer.

« Elizabeth “Pocahontas” Warren, qui n’allait nulle part […], vient juste de quitter la primaire démocrate… trois jours trop tard », a-t-il tweeté, affirmant qu’elle avait ainsi empêché Bernie Sanders de remporter plusieurs États.  

Elle était la dernière femme parmi les favoris à ces primaires, dans une course qui avait débuté avec une diversité record.

Sexisme ?

« Le plus difficile, c’est pour toutes ces petites filles qui vont devoir attendre quatre ans de plus » pour voir une femme à la Maison-Blanche, a regretté Elizabeth Warren.

« Si vous dites, non, il n’y a pas eu de sexisme (dans cette course), un milliard de femmes vont penser “sur quelle planète vivez-vous ? ” », a-t-elle souligné.  

« Ce cycle électoral en particulier a soulevé des questions très légitimes sur les défis auxquels sont confrontées les femmes qui se présentent à la présidence des États-Unis », n’a pas manqué de pointer la sénatrice Kamala Harris, elle aussi ex-candidate à l’investiture démocrate.

D’aucuns affirment que ses attaques contre le milliardaire – également candidat – Michael Bloomberg lors des débats ont aussi pu lui coûter, certains la percevant comme « agressive », ce qui n’aurait pas été le cas avec un homme.