(Washington) Le chef de la diplomatie américaine Mike Pompeo, déjà fragilisé dans l’affaire ukrainienne au cœur d’une procédure de destitution contre Donald Trump, a été impliqué mercredi dans plusieurs décisions controversées par le témoignage d’un ambassadeur.

Gordon Sondland, qui représente les États-Unis auprès de l’Union européenne, mais est progressivement devenu l’un des principaux émissaires du président américain dans le dossier ukrainien, a déclaré devant le Congrès que Mike Pompeo et les plus hauts dirigeants du département d’État avaient toujours était tenus au courant de ses démarches.

« Nous avons tenu les dirigeants du département d’État et les autres au courant de ce que nous faisions. Le département d’État soutenait totalement notre implication dans les affaires ukrainiennes, et savait qu’un engagement » de l’Ukraine « à lancer des enquêtes était un de nos objectifs », a dit M. Sondland.

Il a dévoilé des échanges de courriels montrant que le secrétaire d’État américain saluait son « bon travail ».

Les démocrates accusent Donald Trump d’avoir exigé des enquêtes visant les démocrates en échange d’une visite de son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky à la Maison-Blanche et du dégel d’une aide militaire cruciale.

Gordon Sondland a expliqué avoir dit aux responsables ukrainiens que le dégel de l’aide était conditionné aux enquêtes, assurant l’avoir fait sur la base de ses propres « échanges » avec Mike Pompeo.

AP

Gordon Sondland

Prié de préciser si le secrétaire d’État était au courant du fait qu’il pensait que la visite et l’aide étaient conditionnées au lancement des enquêtes par Kiev, l’ambassadeur a répondu « oui ».

« Vous a-t-il dit qu’il n’y avait aucun lien, que vous aviez tort ? », lui a demandé un élu.

« Pas que je me souvienne », a-t-il affirmé.

Le département d’État a démenti un tel échange.

« Gordon Sondland n’a jamais dit au secrétaire d’État Pompeo qu’il pensait que le président liait l’aide à des enquêtes sur des adversaires politiques. Toute affirmation de l’inverse est simplement fausse », a déclaré la porte-parole de la diplomatie américaine Morgan Ortagus.

Gordon Sondland a aussi rapporté que Mike Pompeo avait personnellement demandé à ses diplomates de travailler avec l’avocat personnel du président Trump, Rudy Giuliani, accusé d’avoir mené une diplomatie parallèle auprès de l’Ukraine.

« Le 24 septembre encore, le secrétaire d’État Pompeo demandait à Kurt Volker », émissaire officiel pour l’Ukraine, « de parler avec Rudy Giuliani », a témoigné l’ambassadeur auprès de l’UE.

Il s’agit du jour où la Maison-Blanche a publié la transcription d’un appel de juillet au cours duquel Donald Trump demandait à Volodymyr Zelensky d’enquêter sur ses rivaux démocrates.

Mike Pompeo a vivement dénoncé la procédure de destitution engagée par les démocrates, mais est aussi très critiqué par de nombreux diplomates de carrière pour avoir laissé tomber ses employés qui ont accepté de témoigner devant le Congrès. Certains d’entre eux ont été personnellement attaqués par Donald Trump.

Gordon Sondland a déploré que le département d’État et la Maison-Blanche lui aient refusé l’accès aux archives pour préparer son audition.

Interrogé à Bruxelles où il participait à une réunion de l’OTAN, Mike Pompeo a assuré ne pas avoir regardé l’audition.

Il s’est borné à défendre la politique ukrainienne de l’administration Trump.  

« Je suis incroyablement fier de ce que nous avons accompli », « je suis fier du président Trump qui a dirigé cet effort pour mener une bonne politique en Ukraine », a-t-il insisté.