Le président Donald Trump souhaite augmenter le budget du Pentagone, dans lequel il veut puiser pour financer son mur frontalier, tout en consacrant moins de fonds à la diplomatie, selon les chiffres détaillés du budget du Pentagone publiés mardi.

S'il était approuvé en l'état, ce qui est peu probable vu l'opposition prévisible du Congrès, les dépenses militaires passeraient à 750 milliards de dollars pour l'année fiscale 2020, qui commence en octobre 2019, contre 715 milliards l'année précédente.

Ce chiffre couvre le budget du Pentagone (718,3 milliards) et les dépenses consacrées par le ministère de l'Énergie à l'entretien et à l'alimentation en combustible de l'arsenal nucléaire américain (32 milliards), selon le ministère de la Défense.

Le budget envisagé pour le département d'État et l'Agence internationale pour le développement (USAID) n'atteint que 42,8 milliards de dollars, contre 55,8 milliards accordés par le Congrès l'an dernier.

Les dépenses militaires équivalent donc à environ 17 fois celles de la diplomatie mais le chef de la diplomatie Mike Pompeo s'est déclaré mardi « tout à fait convaincu d'avoir les ressources suffisantes » pour accomplir sa mission.

Pourtant une quinzaine d'anciens généraux ont protesté contre la baisse du budget de la diplomatie dans une lettre ouverte.

« Nous savons que l'armée ne peut pas garder à elle seule notre pays en sécurité », ont-ils noté. « La diplomatie et le développement sont essentiels pour combattre les menaces avant qu'elles ne nous atteignent ».

Espace et cyberdéfense

Le projet de budget consacre 66,7 milliards de dollars aux opérations extérieures en cours (Afghanistan, Syrie, Irak, Somalie, etc.), un recul de 3 % sur un an.  

La participation financière américaine à la coalition internationale contre le groupe État islamique (EI) recule de 22 % mais reste robuste à 6,9 milliards afin de « continuer les opérations pour s'assurer de la défaite durable de l'EI et accorder de la flexibilité pour un retrait délibéré, coordonné et discipliné de Syrie », précise le Pentagone.

Pour l'Afghanistan, le montant reste stable à 18,6 milliards (18,5 en 2019).

Une enveloppe de fonds dits « d'urgence » contient 9,2 milliards de dollars, dont 2 milliards dévolus aux travaux de reconstruction des bases militaires ravagées par les ouragans Florence et Michael en 2018, en Floride et en Caroline du Nord, a précisé à la presse une responsable du Pentagone, Elaine McCusker.

Le reste de ces fonds est consacré au mur que Donald Trump veut construire à la frontière avec le Mexique pour empêcher l'immigration clandestine.

Une ligne de 3,6 milliards de dollars est ainsi prévue pour la construction d'une « barrière frontalière » et une seconde ligne de 3,6 milliards est inscrite au titre du remboursement des fonds initialement destinés à la construction militaire et ponctionnés par le président sur le budget 2019 de la Défense au titre de la procédure « d'urgence nationale » qu'il a décrétée, a précisé Mme McCusker.

M. Trump veut aussi réorienter 5 milliards de dollars du budget 2020 du ministère de la Sécurité intérieure, ce qui porte l'enveloppe consacrée exclusivement à son mur à 8,6 milliards de dollars dans ce budget.

Si l'on ajoute les 3,6 milliards ponctionnés sur le budget précédent que le Pentagone veut récupérer, les fonds alloués au mur avoisinent les 12 milliards de dollars pour le budget 2020.

Les fonds destinés au domaine spatial augmentent de 15 % à 14,1 milliards de dollars, notamment pour financer la « force de l'Espace » souhaitée par le président. La cyberdéfense voit son budget passer à 9,6 milliards (+10 %).

Une augmentation de 3,1 % des salaires des membres des forces armées (2,1 millions de personnes) est prévue, ce qui serait leur plus forte hausse depuis une décennie.

Les dépenses de recherche et de développement pourraient être « les plus élevées depuis 70 ans », selon le Pentagone : 3,7 milliards pour un navire de guerre sans pilote, un drone sous-marin et des plateformes logistiques autonomes, 927 millions pour l'intelligence artificielle, 2,6 milliards pour des nouveaux missiles hypersoniques et 235 millions pour les armes laser.