Les avocats du narcotrafiquant mexicain «El Chapo», récemment reconnu coupable lors de son procès à New York, ont fait part mercredi de leurs inquiétudes quant à une possible inconduite du jury.

Un site d'informations a rapporté que plusieurs membres du jury avaient examiné la couverture médiatique du procès, malgré les ordres d'un juge qui leur avait interdit de le faire.

Un juré a déclaré à VICE News qu'au moins cinq membres du jury au procès de Joaquin Guzman avaient suivi les informations dans les médias et sur Twitter et étaient au courant de l'existence de documents potentiellement préjudiciables que les jurés n'étaient pas censés voir.

«El Chapo», âgé de 61 ans, a été reconnu coupable le 12 février de plusieurs accusations de trafic de drogue et de complot qui pourraient lui valoir la prison pour des dizaines d'années. Les jurés ont délibéré pendant six jours, après trois mois de témoignages. Le célèbre narcotrafiquant devrait connaître sa peine en juin.

Son avocat, Eduardo Balarezo, a estimé que les questions soulevées dans l'article de VICE «sont extrêmement préoccupantes et alarmantes».

«Les allégations du juré concernant le mépris répété et généralisé du jury envers les instructions de la cour, si elles sont vraies, montrent clairement que Joaquin n'a pas bénéficié d'un procès équitable», a déclaré Me Balarezo dans un communiqué. «Nous examinerons toutes les options disponibles avant de décider d'un plan d'action.»

Le bureau du procureur des États-Unis à Brooklyn a refusé de commenter.

VICE a indiqué que son reporter avait discuté avec le juré par vidéo pendant deux heures. Le juré a réclamé l'anonymat et n'a pas voulu donner son nom, mais le journaliste a déclaré avoir reconnu un juré qu'il avait vu au procès.

Le juré a informé VICE qu'au moins cinq jurés impliqués dans les délibérations et deux suppléants avaient entendu parler d'allégations selon lesquelles «El Chapo» aurait drogué et violé des filles mineures, alors même que cette preuve avait été écartée du procès parce qu'elle était considérée comme préjudiciable.

Ces allégations, rendues publiques la veille du début des délibérations, ont fait l'objet de reportages dans les médias et de publications sur Twitter. Le juré a estimé que ces révélations ne semblaient pas avoir eu d'incidence sur le verdict de culpabilité rendu envers le narcotrafiquant, a rapporté VICE.

«Cela n'a pas changé l'esprit de qui que ce soit», a déclaré le juré, selon VICE. «Nous n'étions pas vraiment accrochés à ça. C'était juste comme une discussion de cinq minutes et c'est tout, nous n'en avons pas parlé davantage.»