Maltraité durant des mois par des enfants qui lui reprochaient son patronyme, Joshua Trump a quitté son école et failli changer de nom de famille, avant d'être invité à Washington par Melania Trump qui en a fait un symbole de sa lutte contre le harcèlement.

Mardi soir, il devait assister, dans l'enceinte du Congrès américain, à l'un des plus prestigieux moments de la vie politique américaine, le discours sur l'état de l'Union, prononcé par le président.

Depuis la fin de la campagne de Donald Trump, le garçon de Wilmington, dans le Delaware, portait comme une croix ce nom de famille capable aujourd'hui de déclencher une réaction physique chez certains Américains.

«On m'embêtait beaucoup», expliquait le garçon de 11 ans à l'émission Inside Edition en décembre. «Ils me disaient : tu es de la famille de Trump ? Et je leur répondais : "vous croyez que je serais ici si j'étais de sa famille ?"»

Ses parents ont même décidé de le retirer de l'école en 2017 et de lui faire suivre un enseignement à domicile, avant qu'il réintègre le système scolaire.

Mais il a suffi que l'un de ses professeurs fasse l'appel des présences, dès le premier jour, pour que le cauchemar recommence pour Joshua Albert Trump.

Sa mère dit l'avoir changé de ligne d'autobus scolaire pour tenter d'échapper aux enfants qui s'en prenaient verbalement à lui, mais là encore, le chauffeur lui a demandé, dès le premier trajet, de décliner son identité.

Changer de nom

«Il disait qu'il se haïssait et qu'il détestait son nom de famille», se désolait sa mère, Megan Trump, dans un reportage de l'antenne locale de la chaîne ABC.

«Il se sent perpétuellement triste et ne veut plus vivre avec cette impression», ajoutait-elle. «Pour une mère, c'est terrifiant».

Depuis, l'école a demandé à ses professeurs de ne plus prononcer le nom de famille de Joshua et, après enquête, dit avoir sanctionné cinq élèves, qui se sont excusés d'avoir harcelé le garçon.

«C'en est arrivé à un point où lui et l'école avaient décidé qu'il changerait de nom», pour prendre celui de son père, Berto, a expliqué Claudio Cerullo, fondateur du site TeachAntiBullying.org, qui a été en contact avec Joshua. «Mais nous l'avons encouragé à ne pas le faire».

L'organisation de Claudio Cerullo lui a remis publiquement une médaille à la mi-décembre pour saluer son «courage», ce qui a valu à TeachAntiBullying.org d'être contacté par la Maison-Blanche, à la recherche de Joshua.

Mardi, Joshua fera partie des invités de Melania Trump au Congrès à Washington pour le discours solennel du président sur l'état de l'Union.  

La première dame a fait du harcèlement chez les enfants l'une de ses grandes causes même si, au-delà de quelques apparitions publiques et tables rondes, son programme n'a produit que peu d'initiatives concrètes jusqu'ici.

«J'espère que cela va ouvrir les yeux de plus de gens sur ce sujet, parce qu'il ne concerne pas que Joshua Trump», confie Claudio Cerullo.

Reste le paradoxe que représente le couple présidentiel, Melania se battant contre le harcèlement tandis que son mari n'hésite pas à s'en prendre publiquement à de nombreuses personnalités.

«La première dame est dans une position très difficile», concède M. Cerullo, qui dit espérer qu'elle ait «beaucoup d'influence sur son mari».

«Trump devrait s'excuser d'avoir rendu si difficile la vie de Joshua Trump durant le discours sur l'état de l'Union», a commenté Dean Obeidallah, seul animateur radio musulman à avoir une émission de grande écoute aux États-Unis.

«Si Trump n'était pas raciste, sexiste, sectaire et ne mentait pas en continu», a-t-il insisté, «l'existence du jeune Joshua ne serait pas si compliquée.»