Le président Donald Trump a indiqué vendredi qu'il n'était pas sur le point de déclarer l'« urgence nationale » pour obtenir la somme qu'il souhaite afin d'ériger le mur promis depuis longtemps à la frontière mexicaine.

Alors qu'une impasse budgétaire entraîne depuis trois semaines une paralysie partielle du gouvernement américain, quelque 800 000 employés fédéraux, dont plus de la moitié sont toujours au poste, ont été privés de leur premier chèque de paie, vendredi. Avec l'impact croissant de cette paralysie sur l'économie, sur les parcs nationaux et sur l'inspection des aliments, par exemple, certains républicains deviennent de plus en plus mal à l'aise face à l'exigence du président Trump.

Les élus ont tenté de rassurer un peu les employés fédéraux : par un vote de 411-7, la Chambre des représentants a adopté un projet de loi garantissant que tous les employés du gouvernement recevraient un salaire rétroactif après la paralysie partielle. Le Sénat avait adopté à l'unanimité, jeudi, ce projet de loi que le président Trump signera vraisemblablement.

M. Trump s'était rendu jeudi à McAllen et au Rio Grande pour souligner ce qu'il qualifie de « crise de la drogue et du crime » le long de la frontière. Il a laissé entendre que s'il ne parvenait pas à un accord avec les démocrates en Chambre sur le financement du mur, il déclarerait une « urgence nationale », ce qui lui permettrait de procéder.

Mais s'adressant à des leaders d'États américains et des dirigeants locaux, vendredi à la Maison-Blanche, M. Trump a indiqué qu'il n'était pas prêt à le faire pour le moment. La « solution facile serait pour moi de décréter une urgence nationale [...] mais je ne vais pas le faire si rapidement », a déclaré M. Trump.

Contourner le contrôle du Congrès - et la Constitution - pour gérer les finances publiques conduirait à des contestations judiciaires et à des accusations d'empiétement du pouvoir exécutif. M. Trump soutient que selon ses avocats, la mesure résisterait « à 100 % » à toute contestation devant les tribunaux.

Entre-temps, l'administration Trump a pris des mesures pour être prête en cas d'« urgence nationale ». La Maison-Blanche a demandé au corps de génie de l'armée de ratisser dans son budget à la recherche de sommes pour ériger le mur, y compris un fonds de secours, non dépensé, de 13,9 milliards qui était destiné à soutenir des zones telles que Puerto Rico, touché par un ouragan, le Texas et plus d'une douzaine d'autres États américains, selon une source au Congrès. Mais le représentant républicain Mark Meadows, qui entretient des liens étroits avec le président, a écarté cette option, affirmant qu'elle n'était pas « sérieusement envisagée ».

Vendredi, des responsables à Porto Rico ont soutenu que l'utilisation de fonds destinés aux sinistrés était « inacceptable », alors que l'île lutte encore pour se remettre de l'ouragan Maria, qui a causé plus de 100 milliards US de dégâts l'an dernier. Le gouverneur de l'État, Ricardo Rossello, a déclaré que le mur ne devrait pas être financé « à même la douleur et la souffrance » de citoyens américains qui ont vécu une tragédie après une catastrophe naturelle.

Un compromis entre la Maison-Blanche et le Congrès n'était pas prévisible. Les efforts pour négocier un accord d'immigration plus large, impliquant les enfants entrés illégalement dans le pays, ne semblent pas progresser.

Cette paralysie partielle de l'administration établira un record samedi matin, dépassant alors l'impasse budgétaire de 21 jours qui s'était terminée le 6 janvier 1996 sous l'administration de Bill Clinton.