Des textos échangés entre Joaquin Guzman, alias « El Chapo », et l'une de ses maîtresses, lus à l'audience mercredi, témoignent des ambitions du narcotrafiquant mexicain dans le trafic de drogue, de l'Australie aux États-Unis.

Les enquêteurs sont parvenus à intercepter ces messages avec la collaboration du spécialiste en télécommunications du cartel de Sinaloa, que dirigeait El Chapo.

Nombre de ces messages, envoyés en 2011 et 2012, ont été présentés à l'audience mercredi, notamment des textos enflammés d'El Chapo à l'une de ses maîtresses, alors que son épouse, Emma Coronel, était présente dans le prétoire et n'a pas cillé.

« Tu es la personne la plus importante pour moi », écrit Joaquin Guzman à Agustina Cabanillas Acosta, alias « Fiera ». « Je t'adore. »

Mais d'autres messages sont plus professionnels et démontrent les ambitions du narcotrafiquant, qui évoque la création de deux sociétés-écrans en Allemagne et en Équateur pour pouvoir exporter de la drogue en « Europe, au Canada, en Australie et aussi aux États-Unis ».

Dans un autre texto, il mentionne l'acquisition de 630 à 700 tonnes de cocaïne au Belize.

L'audience a parfois failli basculer dans le vaudeville, avec l'épouse, le mari volage et la maîtresse truculente qui, en sus, parle d'El Chapo comme d'un « idiot » dans un message envoyé à l'une de ses amies.

« Je n'ai pas confiance en ces BlackBerry qu'il me donne », poursuit-elle, « parce que ce salaud peut me localiser. »

La collaboration du spécialiste technique Cristian Rodriguez, devenu indicateur, a permis aux enquêteurs de glaner de précieuses informations sur le fonctionnement du cartel.

Outre des textos, le FBI a pu intercepter plus de 100 appels téléphoniques entre El Chapo et ses proches, mais aussi avec les membres du cartel.

Prévu pour durer environ quatre mois, le procès de Joaquin Guzman, accusé d'avoir dirigé durant plus de vingt ans le cartel de Sinaloa, a débuté voici près de deux mois.

Les autorités américaines affirment que, sous sa direction, le cartel a acheminé aux États-Unis plus de 154 tonnes de cocaïne, pour une valeur estimée à 14 milliards de dollars.