(Washington) L’arrestation récente d’un soldat américain ultranationaliste, qui voulait mener un attentat aux États-Unis pour semer le « chaos », met en lumière la difficulté de l’armée américaine à purger ses rangs de dangereux extrémistes.

Soldat de l’armée de terre basé à Fort Riley, dans le Kansas, Jarrett Smith, 24 ans, a été arrêté après avoir expliqué en détail à un agent du FBI infiltré comment fabriquer une bombe avec des ingrédients trouvés dans le commerce. Il a été inculpé lundi par un tribunal du Kansas de « distribution d’informations relatives à des explosifs ou des armes de destructions massives ».

Les liens entre l’extrême droite et les militaires ont été mis en lumière dès les années 1980, lorsqu’un ancien combattant de la guerre du Vietnam, Louis Beam, était devenu un leader d’une organisation néonazie prônant le renversement du gouvernement américain et son remplacement par une « nation aryenne ».

Plus récemment, un garde-côte américain, admirateur du tueur de masse norvégien Anders Breivik, a été arrêté en février près de Washington pour avoir projeté de s’en prendre à plusieurs personnalités politiques démocrates et figures médiatiques.

Le suprémaciste blanc Christopher Paul Hasson, 49 ans, se présentait comme un « homme d’action », et un partisan d’une « violence ciblée destinée à établir une patrie blanche ».  

Et en mai, l’armée de terre avait admis enquêter sur Corwyn Carver, 22 ans, un infirmier militaire basé à Fort Bliss, au Texas, soupçonné d’appartenir au groupe néonazi « Atomwaffen Division ».  

Le Pentagone assure que la participation de ses militaires à des activités extrémistes « n’a jamais été tolérée » par l’armée américaine.

Le ministère de la Défense « utilise une approche multiforme pour en savoir autant que possible sur les nouvelles recrues potentielles […] afin de s’assurer qu’elles puissent avoir le privilège de servir dans l’armée », a indiqué à l’AFP une porte-parole du Pentagone, Jessica Maxwell.

« Efforts sincères »

« Nous disposons de divers outils de sélection qui nous permettent d’identifier ceux qui ne partagent pas nos valeurs », a-t-elle ajouté.

Or dans le cas de Jarrett Smith, l’enquête a montré qu’il s’était engagé dans l’armée un an après avoir eu des échanges sur Facebook avec Craig Lang, un extrémiste connu des services de sécurité américains pour avoir combattu en Ukraine aux côtés du mouvement paramilitaire ultranationaliste « Secteur droit ».

« Je n’ai pas d’expérience militaire, mais si je ne peux pas trouver une place en Ukraine d’ici octobre, je m’engagerai dans l’armée », disait Smith à Lang en juin 2016, selon la plainte du FBI. Un an plus tard, il rejoignait les rangs de l’armée de terre à Fort Benning, en Géorgie, sans que les recruteurs militaires aient décelé le risque qu’il représentait.

Pour Brian Levin, directeur du centre d’étude de l’extrémisme à la California State University-San Bernardino, le cas de Jarrett Smith est intéressant : il montre un effort renouvelé de certains groupes suprémacistes blancs qui souhaitent « se concentrer sur les militaires, car ils ont des qualifications précieuses ».

« Le Pentagone fait des efforts sincères », indique cet expert à l’AFP.  

« Les militaires sont parfaitement conscients du problème et il est certain qu’ils y travaillent », ajoute-t-il. « Maintenant, ce qu’il faut faire, c’est trouver de nouveaux outils pour y répondre ».

Même si l’armée américaine est considérée comme une des institutions les plus diverses du pays, elle reste un terrain fertile pour les mouvements d’extrême droite.  

Selon un sondage réalisé en octobre 2018 par la publication spécialisée Military Times auquel ont répondu 829 militaires en service, 22 % des participants ont indiqué avoir perçu des signes de suprémacisme blanc ou de racisme au sein des forces armées au cours de l’année écoulée.